Afghanistan : les gouvernements doivent aider les défenseurs des droits de l'homme

MIS À JOUR le 17.08.21. Après avoir capturé des dizaines de villes à travers l'Afghanistan dans une offensive éclair, les talibans ont fait tombé la capitale du pays, Kaboul, le 15 août. La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a envoyé un message de solidarité et de force à la communauté médiatique du pays et exhorte les gouvernements et la communauté internationale à apporter d'urgence soutien et protection aux professionnels des médias afghans.

Un hélicoptère militaire américain est photographié en train de voler au-dessus de l'ambassade américaine à Kaboul, le 15 août 2021. Crédits : Wakil KOHSAR / AFP

Deux décennies après avoir été chassés du pouvoir, les talibans ont repris le contrôle du pays. Alors que le président Ashraf Ghani fuyait le pays par avion, les militants talibans ont afflué dans la capitale le 15 août en fin de journée, rencontrant peu de résistance de la part des forces de sécurité et plongeant la ville dans le chaos, forçant des dizaines de milliers de personnes à tenter de fuir, tant par voie terrestre que aérienne. Des milliers d'entre eux ont notamment envahi l'aéroport international dans l'espoir d'embarquer sur un vol et de quitter le pays.

Au cours des 90 derniers jours, alors que des provinces et des districts ont été saisis par des groupes talibans, les réseaux radiophoniques du pays ont également été fermés, accompagnés de violences et de menaces à l'encontre des professionnels des médias. Nombre d'entre eux ont fui de peur d'être tués pour avoir travaillé dans des stations diffusant de la musique et soutenant des travailleuses et journalistes femmes. Il semblerait que les radios encore en activité suivent désormais les instructions des talibans.

L'Association des journalistes indépendants d'Afghanistan (AIJA), affiliée à la FIJ, a déclaré que 18 des 34 provinces du pays étaient désormais "sous forte influence des talibans" et que "la quasi-totalité des travailleurs et des militants avaient quitté leur domicile et s'étaient enfuis". L'AIJA a indiqué qu'au moins 140 médias ne fonctionnaient désormais plus dans les provinces de Herat, Badghis, Ghor, Uruzgan, Zabul, nimroz, Jawzjan, Kunduz, Sare Pul, Takhar, Samangan, Farah, Baghlan, Badakshan, Ghazni, Helmand, Kandahar, Logar et Wardak. Plus de 1200 journalistes et professionnels des médias ont perdu leur emploi, et de nombreux autres sont menacés.

Dans l'ensemble du pays, les journalistes sont désormais confrontés à des menaces graves et continues en raison de leur travail, en particulier ceux qui ont réalisé des reportages très médiatisés avec des chefs de guerre ou des fonctionnaires de haut rang. Les travailleuses des médias restent une préoccupation majeure. Ces derniers mois, des centaines d'entre elles ont été contraintes de fuir le pays, ont été interdites de travail ou ont même fait l'objet d'attaques meurtrières ciblées. Depuis le début de l'année 2021, au moins 30 professionnels des médias ont été tués, blessés ou torturés dans le pays.

La FIJ a déclaré : "Tous les professionnels des médias qui couvrent la situation en Afghanistan risquent actuellement leur vie et sont une source de grave préoccupation. La FIJ et les journalistes du monde entier leur adressent des messages de solidarité et de soutien dans les jours, les semaines et les mois incertains et dévastateurs à venir."

En 20 ans, l'expansion de la liberté d'expression, du journalisme et du développement des médias a été l'une des plus grandes réussites de l'Afghanistan. Mais dans le même temps, des centaines de journalistes nationaux et internationaux ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions professionnelles.

L'AIJA a déclaré : "Nous sommes vraiment reconnaissants envers les communautés internationales d'avoir fourni toute cette aide à la communauté journalistique afghane."

La FIJ travaille de toute urgence avec ses affiliés, l'Association des journalistes indépendants afghans (AIJA) et l'Union nationale des journalistes afghans (ANJU), afin de fournir un soutien immédiat pour permettre aux journalistes de prendre des mesures de protection et de se mettre en sécurité.

La FIJ et ses affiliés font également pression sur les gouvernements d'un certain nombre de pays pour qu'ils fournissent des visas d'urgence et un soutien logistique afin de permettre aux personnes les plus menacées de quitter le pays. Les affiliés des pays voisins s'efforcent de soutenir et de garantir un passage sûr aux journalistes contraints de quitter le pays.

Le gouvernement américain a déjà rendu les journalistes éligibles à un programme de visa qui pourrait leur permettre de quitter le pays, mais la plupart d'entre eux doivent encore être évacués.

Le directeur général intérimaire de l'Agence américaine pour les médias mondiaux, qui supervise les radiodiffuseurs, a déclaré dans un courriel du 15 août que l'agence "fait tout ce qui est en son pouvoir pour protéger" les journalistes et "ne reculera pas dans sa mission d'informer, engager et connecter les Afghans pour soutenir la liberté et la démocratie".

La FIJ a créé un fonds de solidarité spécial pour l'Afghanistan au sein du fonds de sécurité de la FIJ afin de canaliser davantage de soutien et d'inciter ceux qui le peuvent à faire un don. Tous les fonds collectés serviront directement à apporter un soutien aux collègues afghans.

La FIJ a déclaré : "La crise humanitaire qui se déroule en Afghanistan est profondément dévastatrice et la FIJ exprime sa solidarité envers les journalistes, professionnels des médias et militants qui ont courageusement mené leur travail tout au long du conflit. La FIJ appelle les dirigeants talibans à faire preuve de retenue et à tenir leur promesse selon lesquelles les professionnels des médias ne seront pas pris pour cible."

La FIJ a également déclaré : "Après 20 ans d'intervention internationale en Afghanistan, la communauté mondiale a le devoir de reconnaître le travail vital des journalistes, des professionnels des médias et des autres défenseurs des droits de l'homme, mais aussi de faire le maximum pour les protéger pour leur professionnalisme et les sacrifices qu'ils ont dû faire au prix de risques personnels énormes. La FIJ exhorte les gouvernements du monde entier à agir et à apporter leur soutien aux professionnels des médias en Afghanistan et à ceux qui ont fui, afin de garantir leur sécurité."

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