Ukraine : "Au Kosovo, nous avons aussi vécu la difficulté de devenir réfugié"

Un an après l'invasion de l'Ukraine par la Russie ce 24 février, Xhemajl Rexha, président de l'Association des journalistes du Kosovo (AJK), fait part du travail réalisé dans le cadre de leur programme "Journalistes en résidence - Kosovo" avec le gouvernement du Kosovo et le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias (ECMPF), en collaboration avec la Fédération européenne des journalistes (FEJ). Le programme accueille les journalistes ukrainien.ne.s en leur fournissant une assistance. Xhemajl explique comment s’organise le programme, les défis auxquels les journalistes ukrainien.ne.s sont confronté.e.s et la solidarité syndicale en temps de crise et de guerre.

[Translate to French:] Xhemajl Rexha on Twitter

1 - Parlez-nous du programme "Journalistes en résidence - Kosovo".

"Journalistes en résidence - Kosovo" est un programme initié par l’ECMPF qui est basé à Leipzig (Allemagne). Il est financé par le gouvernement du Kosovo et mis en œuvre par l'Association des journalistes du Kosovo. Il vise à accueillir 20 journalistes ukrainien.ne.s qui ont été contraint.e.s de quitter leur pays après l'invasion de la Russie. Depuis l'arrivée de la première journaliste, Liudymyla Makey, en avril 2022, 13 journalistes ont bénéficié du programme, et 12 vivent et travaillent désormais au Kosovo. 

Grâce au soutien du gouvernement du Kosovo, les journalistes participant au programme reçoivent une allocation mensuelle, une assurance sociale et ne versent pas de loyer. Ils reçoivent également des colis mensuels de nourriture et d'hygiène, et se voient proposer des cours de langue albanaise et anglaise. L'objectif principal du projet est de permettre à ces journalistes de rester dans leur domaine de travail dans un environnement sûr.

2 - Quelles actions ont été mises en place par l'Association des journalistes du Kosovo pour accueillir et aider les journalistes ukrainien.ne.s ?

Une fois leur candidature au programme déposée et la sélection effectuée par l'ECPMF, en étroite collaboration avec les institutions de sécurité du Kosovo, l'AJK se met à leur disposition pour leur fournir un logement confortable à proximité de nos bureaux et du centre-ville. Nous les accueillons à l'aéroport avec des représentants de l'ECMPF et du ministère de l'Intérieur. Après leur enregistrement, ils sont envoyés dans leurs appartements respectifs, et des fêtes de bienvenue sont organisées le lendemain. Nous leur offrons un espace de travail dans nos bureaux et les aidons à organiser des entretiens ou des visites. Nous les accompagnons pour ouvrir leurs comptes bancaires, puis obtenir leur permis de séjour temporaire auprès du gouvernement du Kosovo. Notre coordinateur de projet répond à leurs besoins 24 heures sur 24. Ils peuvent nous appeler à n’importe quel moment, qu'il s'agisse de réparer le câble de leur télévision ou d'explorer leur quartier. Nous avons réussi à les intégrer, en allant ensemble à des événements musicaux, sportifs et autres qui les intéressent. Nous avons également organisé des voyages à l'intérieur du Kosovo, mais aussi dans des États régionaux comme la Macédoine du Nord et l'Albanie.

3 - Quels sont les défis auxquels les journalistes ukrainien.ne.s sont confronté.e.s lors de leur arrivée au Kosovo ?

Pour la plupart, le Kosovo est un endroit totalement nouveau et il leur faut un certain temps pour s'y habituer. Beaucoup ne parlent pas anglais et, heureusement, nous avons engagé deux Ukrainiennes qui vivent au Kosovo depuis plus de 10 ans et qui jouent un rôle crucial dans le programme grâce à leur travail de traduction. Comme on peut l'imaginer, - ou pour nous au Kosovo, car nous l'avons vécu nous-mêmes -, il est très difficile de devenir un réfugié, loin de sa maison et de ses proches. Nous avons essayé de les aider à chaque étape du processus, et ils participent à des séances psychologiques avec le Centre de réhabilitation du Kosovo pour les victimes de la torture, une ONG basée dans la capitale, Prishtina.

4 - Comment décririez-vous la solidarité des journalistes envers les journalistes ukrainien.ne.s dans votre pays ?

Les journalistes ukrainien.ne.s ont reçu un accueil formidable, non seulement de la part de la communauté journalistique, mais aussi de la part de tout le monde au Kosovo. Le radiodiffuseur public, RTK, et d'autres médias privés leur ont offert des espaces de travail. Ils ont rencontré au moins quatre fois le Premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, la dernière fois à l'occasion du Noël orthodoxe en janvier. À l'occasion de la Journée de l'indépendance de l'Ukraine, ils ont été accueillis par le président du Kosovo, Vjosa Osmani, et ont rencontré à d'autres occasions les dirigeants de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et du National Democratic Institute (NDI), ainsi que les ambassadeurs d'Allemagne, des États-Unis et du Royaume-Uni. La plupart des journalistes ukrainien.ne.s au Kosovo sont des célébrités, car ils accordent régulièrement des interviews aux médias locaux, et c'est pourquoi, comme l'explique Liudymyla Makey : "les gens nous arrêtent dans la rue, veulent nous offrir un café et disent "Slava Ukraini"".
 

5 - Quels conseils donneriez-vous à d'autres syndicats qui souhaiteraient apporter leur aide ?

Ce qui se passe actuellement en Ukraine a eu lieu au Kosovo il y a 24 ans. Tous les membres de l'AJK ont été des réfugiés dans leur enfance et ont dû quitter leur pays. Nous pouvons totalement compatir avec nos collègues, et nous sommes engagés de tout cœur dans ce projet. Mais, en fin de compte, pour tous les syndicats s'applique le principe de solidarité pour nos collègues de la profession, et leur travail important, crucial, qu'ils effectuent où qu'ils soient.

Pour soutenir le travail de la FIJ/FEJ en Ukraine  Fonds de solidarité 

 

 

 

 

 

 

 

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