France: Un journaliste interrogé pendant deux heures par la police

La police a convoqué le journaliste du site d'actualités Le Média, Thomas Dietrich, au commissariat de Puteaux (Île-de-France), où il a été interrogé pendant deux heures au sujet d'une enquête journalistique récente. Les Fédérations Internationale et Européenne des Journalistes (FIJ/FEJ) se sont jointes à leur affilié en France, le SNJ-CGT, pour dénoncer cette tentative d'intimidation et ont appelé les autorités à rejeter la plainte infondée portée contre lui.

Cette convocation fait suite à une plainte déposée par l'ancien chef de la police politique tchadienne, Mahamat Ismaël Chaïbo, pour « menaces en vue de commettre un crime ou un délit » après que le journaliste se soit rendu à son domicile à Paris pour lui poser des questions. Le journaliste a nié avoir proféré quelconque menace lors de l'interview avec Chaïbo, qui a eu lieu la semaine dernière sur le pas de sa porte et a été enregistrée. Au cours de l'interview, Chaïbo a répondu à quelques questions et a finalement appelé son avocat, affirmant qu'un journaliste lui posait des « questions stupides » et lui a demandé de « préparer une plainte ».

Dietrich a été libéré après trois heures de garde à vue, au cours desquelles la police l'a questionné pendant deux heures sur les allégations de menaces de Chaibo. Aucune accusation n'a été déposée contre le journaliste mais la plainte n'a pas été rejetée. Dietrich dit qu'il pense que l'action a été conçue pour faire pression sur lui afin de le faire arrêter son enquête.

Dietrich est un journaliste expérimenté qui enquête depuis plusieurs années sur les relations franco-africaines et les crimes commis par des régimes autoritaires proches des gouvernements français.

« On ne peut que s'étonner de la rapidité de ces manœuvres d'intimidation de la police française à l'encontre de notre journaliste, alors même que les autorités ont permis à deux reprises à M. Chaïbo de rentrer au Tchad, malgré sa convocation et la publication de notre enquête », a déclaré Le Média dans un communiqué de presse.

Le syndicat des journalistes français SNJ-CGT a dénoncé cette démarche comme une atteinte flagrante au droit à l'information : « Cette volonté évidente de faire pression sur un journaliste bien connu des services tchadiens et du gouvernement en place est intolérable. Le SNJ-CGT met tout en œuvre pour assurer la sécurité d'un journaliste qui est dans le collimateur du régime tchadien et de certains réseaux franco-africains, pour qu'il puisse poursuivre ses investigations », a déclaré le secrétaire adjoint aux Affaires internationales Pablo Aiquel.

Le secrétaire général de la FIJ, Anthony Bellanger, a déclaré : « Nous ne pouvons accepter que les autorités harcèlent et fassent pression judiciairement sur un journaliste pour l'empêcher de faire son travail. Nous sommes solidaires de Thomas et demandons que cette affaire sans fondement soit close immédiatement. »

Le secrétaire général de la FEJ, Ricardo Gutiérrez, a ajouté : « Cette affaire est grave car il s'agit d'une tentative d'intimidation envers un journaliste et d'interférence avec son travail d'enquête. Thomas Dietrich ne faisait que son travail de journaliste, posant des questions et confrontant les faits. Nous demandons à ce que cette affaire soit classée immédiatement. »

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