Russie : Quatre journalistes condamnés au travail forcé

Le 12 avril, le tribunal du district de Dorogomilovo à Moscou a condamné quatre journalistes du magazine étudiant DOXA à deux ans de travaux forcés. Selon le juge, les journalistes avaient invité les jeunes à manifester contre le Kremlin. Ils ont été arrêtés en avril 2021 après une perquisition de la rédaction. La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et la Fédération européenne des journalistes (EFJ) ont dénoncé la suppression de la liberté de la presse en Russie. Elles ont également demandé la libération immédiate des journalistes qui exerçaient simplement leur métier.

Crédits photographiques : Kirill Kudryavtsev/AFP

Le 14 avril 2021, les forces de l’ordre de Moscou ont perquisitionné le bureau du magazine étudiant DOXA et les appartements de quatre de ses rédacteurs, à savoir Natalia Tyshkevich, Vladimir Metelkin, Alla Gutnikova et Armen Aramyan.

Les agents ont emmené les journalistes devant le comité d’enquête de la Fédération de Russie, où ils ont été accusés d’avoir « invité ou entraîné, de quelque manière que ce soit, des mineurs dans des activités illégales qui pourraient être dangereuses ». Le tribunal du district Basmanny a ordonné la libération des quatre journalistes et les a placés en assignation à domicile, avec interdiction de quitter leur résidence jusqu’au procès.

Le média indépendant DOXA a été fondé il y a cinq ans par des étudiants et des diplômés de l’Université nationale de recherche « École des hautes études en sciences économiques » de Moscou. Le magazine, qui a depuis été interdit, était axé sur la vie étudiante, l’actualité éducative, la politique et la science.

Les membres du comité d’enquête ont déclaré aux journalistes que les poursuites engagées contre eux étaient liées à une vidéo publiée par le média en janvier 2021. À cette époque, des manifestations nationales étaient organisées pour soutenir l’opposant Alexeï Navalny. Cette vidéo, intitulée « They Can’t Defeat Youth » (Ils ne peuvent pas vaincre la jeunesse), soutenait les étudiants qui avaient été sanctionnés par leurs établissements d’enseignement pour avoir manifesté. DOXA a ensuite supprimé la vidéo sur ordre de Roskomnadzor (RKN), le Service fédéral de supervision des communications, des technologies de l’information et des médias de masse.

Selon les médias, cette vidéo ne contenait aucun appel à la mobilisation, mais exprimait simplement une inquiétude concernant les étudiants.

Les quatre journalistes ont déclaré qu’ils interjetteront appel du verdict.

Anthony Bellanger, Secrétaire général de la FIJ, a déclaré : « La liberté d’expression implique que les journalistes ont le droit de réaliser des reportages en toute indépendance et sans pression injustifiée de la part des gouvernements. De toute évidence, ce n’est pas le cas en Russie. Nous exhortons le gouvernement à cesser de cibler les journalistes et à laisser Natalia Tyshkevich, Vladimir Metelkin, Alla Gutnikova et Armen Aramyan réaliser leurs reportages en toute liberté ».

Ricardo Gutiérrez, Secrétaire général de la FEJ, s’est également exprimé : « Nous soutenons Natalia, Vladimir, Alla et Armen », avant d’ajouter, « Le caractère violent de cette décision judiciaire témoigne de la détermination des autorités russes à éradiquer la moindre voix indépendante en Russie, à infliger une chape de plomb à la société civile russe. Nous condamnons fermement cette décision et exigeons la libération immédiate des quatre journalistes, qui ont simplement exercé leur métier. Le régime de Poutine ne vaincra pas les voix libres et indépendantes en Russie. »

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