Les journalistes fustigent le refus des gouvernements de garantir la liberté d'expression lors des négociations du Sommet Mondial

Les représentants des journalistes d’Amérique latine ont appelé les gouvernements à soutenir les droits des journalistes et la liberté d’expression. Cette réaction intervient quelques jours après la réunion des représentants politiques internationaux à Paris pour la préparation de l’agenda du Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI) qui se tiendra à Genève en décembre prochain. Elle répond à leur refus de placer les droits de la presse et des médias au cœur des débats.

La section d’Amérique latine de la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), la plus importante organisation de journalistes au monde, a appelé les organisateurs du Sommet à réviser leur position lors d’une conférence organisée conjointement par la FIJ et la fondation allemande Friedrich Ebert à Lima au Pérou.

La déclaration adoptée lors de la conférence et soutenue par des journalistes provenant de douze pays d’Amérique latine, demande aux gouvernements d’obtenir, lors du Sommet, des avancées garantissant la liberté d’expression et l’accès aux nouvelles technologies, abolissant les lois encourageant la censure et limitant l’utilisation d’ Internet, soutenant la mise en place de lois spécifiques limitant la concentration des médias, garantissant que les personnes travaillant dans la société de l’information soient protégées par les normes internationales du travail et encourageant le soutien au service public de l’audiovisuel et la protection des droits d’auteur dans le développement des nouvelles communications technologiques.

« Pour l’instant, les gouvernements ont manqué de courage dans l’organisation du Sommet », dit Aidan White, secrétaire général de la FIJ. « Ils ont notamment échoué au test de la liberté d’expression. Les textes en préparation en vue du Sommet sont davantage centrés sur l’ exploitation économique des marchés de l’information que sur la réduction de la fracture numérique entre les riches et les pauvres et la création d’une culture de l’information qui soit à la fois accessible et démocratique ».

La FIJ faisait partie des organisations participant aux travaux de la réunion intermédiaire de Paris des 15-18 juillet, et réunissant ainsi les gouvernements, les groupes d’intérêt et les représentants de la société civile afin de discuter des avant-projets de déclaration et de plan d’action en vue du Sommet.

« Etonnamment, cette réunion s’est achevée sans qu’aucune référence spécifique à l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme garantissant la liberté d’expression n’apparaisse dans les textes, » déclare White. « En revanche, on y trouve des références confuses aux droits de communication et à la liberté d’expression, entraînant ainsi des incertitudes sur les engagements visant à défendre les droits de l’homme existants. Ceci est une mauvaise nouvelle pour la liberté de la presse et fait planer une ombre sur le Sommet ».

« Trop de journalistes et de personnes travaillant dans les médias sont aujourd’hui encore victimes de violence et la censure est encore trop présente, sur Internet et dans les médias en général, pour ignorer le fait que la liberté d’expression n’est toujours pas respectée dans de nombreux de pays».

La FIJ s’inquiète également du fait que la protection des créateurs et le droit pour les auteurs de recevoir une rémunération équitable pour l’utilisation de leur travail n’apparaissent pas dans l’avant projet de Déclaration et de plan d’action. Les avant-projets ne contiennent pas non plus de référence aux droits fondamentaux des travailleurs et aux normes de travail garanties pour ceux qui travaillent au cœur de la société de l’information.

« La société de l’information traite des individus, et leurs droits doivent figurer en tête de liste des conclusions du Sommet » dit White. « Nous ne pouvons accepter que les droits des journalistes et des travailleurs soient évincés alors que les changement technologiques nous affecteront tous ».

Pour plus d’information : 32 2 235 22 00

La FIJ représente environ 500000 journliates dans plus de 100 pays.