Covid-19 ravage l'industrie des médias au Kenya

"Un mois seulement après la confirmation du premier cas de coronavirus au Kenya, trois grands groupes de médias ont procédé à une réduction de 20 à 30 % des salaires de leur personnel, en invoquant la diminution rapide de leurs revenus". Un récit d'Erick Oduor, secrétaire général de l'Union kenyane des journalistes.

Les trois groupes de médias, Royal Media Services, Standard Group PLC et Radio Africa Group, ont décidé de répercuter leurs pertes liées à la crise sur les salaires.

La décision a été contestée par l'Union des journalistes du Kenya (KUJ) qui a porté plainte devant les tribunaux pour pratique déloyale du travail parce qu'il n'y avait eu aucune consultation avec les partenaires sociaux avant les réductions de salaires. 

Les journaux continuent d'imprimer, mais ont été contraints de réduire leur nombre de pages depuis que les recettes publicitaires se sont taries.

Ces perturbations posent des problèmes financiers aux journalistes et aux employeurs également.

COVID-19 a également perturbé les médias au Kenya en forçant les reporters, les correspondants et les rédacteurs en chef à mettre en place du télétravail, une évolution qui a engendré des coûts supplémentaires en matière d'électricité et d'Internet pour les journalistes. 

Toutes les grandes entreprises de presse ont vidé leurs salles de rédaction, permettant à leur personnel d'emporter chez eux leurs ordinateurs de bureau et portables afin de pouvoir travailler. Mais les journalistes ont dû supporter à leurs propres frais les coûts d'extension de l'internet à haut débit pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions. 

Alors que le gouvernement a inscrit les médias et les journalistes sur la liste des professionnels prioritaires, aucun effort n'a été fait pour protéger l'industrie des conséquences du COVID-19, qui a non seulement entraîné la perte d'emplois, mais aussi changé le mode de vie des journalistes. Standard Group, par exemple, a annoncé que pas moins de 170 personnes perdront leur emploi dans le cadre d'un processus de restructuration.

Un rôle essentiel pendant la crise

Malgré les difficultés, les journalistes ont maintenu un haut degré de professionnalisme, ce qui leur a valu les éloges du public et des responsables gouvernementaux, qui semblent avoir appris l'importance d'un média dynamique.

Le gouvernement a tendu la main aux rédacteurs en chef en les exhortant à travailler en étroite collaboration avec les autorités pour diffuser des informations exactes et d'éviter de publier des fausses nouvelles qui pourraient causer de l'anxiété et de la confusion.

Lignes directrices pour la couverture de la pandémie

Pour soutenir les journalistes, les organisations syndicales (dont le KUJ), le Conseil des médias, la Guilde des rédacteurs en chef du Kenya et l'Association des femmes des médias du Kenya et l'Unesco ont élaboré des lignes directrices sur la couverture du COVID-19.

Ces lignes directrices invitent les journalistes à éviter les conférences de presse en direct et les encouragent à opter pour la téléconférence en direct pour poser des questions.

Les associations de médias ont en outre demandé au gouvernement et aux employeurs de fournir aux journalistes des équipements de protection, ceci afin d'assurer leur sécurité.

Tout comme le gouvernement a l'intention de soutenir d'autres industries pour se débarrasser des effets du COVID-19, les médias doivent également être pris en compte dans tout plan de relance économique pour protéger les journalistes de nouvelles pertes d'emploi. Cela doit commencer par l'annulation par le gouvernement des factures en suspens dans les recettes publicitaires afin  d'aider les entreprises de médias à se remettre sur pied et à payer les arriérés de salaires qui découlant des réductions de salaires.

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