Un journaliste paralysé après une attaque meurt 10 ans plus tard : la justice se fait attendre

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) se joint au Syndicat national des journalistes des Philippines (NUJP) pour exprimer ses sentiments les plus profonds à l'égard de la mort tragique d'un journaliste, laissé paralysé par une tentative d'assassinat en 2005. La FIJ et le NUJP déplorent la lenteur de la procédure juridique contre les agresseurs du journaliste, procédure qui a causé une décennie de tristesse et laissé mourir le journaliste sans que justice soit faite. Albet Martinez dit « Le pasteur » est décédé à l'âge de 57 ans. C'était un journaliste télévisé percutant du Cotabato du Nord, au centre des Philippines, où il s'était fait tiré dessus dans la soirée du vendredi 10 avril 2005 à la suite de nombreuses menaces de mort. M. Martinez était chroniqueur et diffusait sa propre émission tous les dimanches soirs. Il avait été la cible de tirs à seulement 200 mètres de sa station de radio à Banrangay Osias et reçu une balle qui lui avait transpercé la colonne vertébrale pour se loger dans son foie et le laisser paraplégique. Après cette attaque, M. Martinez avait identifié trois agresseurs présumés dont son voisin, Ronilo Quinones, l'homme d'affaire Romeo Aranta et le soldat Alvaro Obregon, soupçonné d'être le tireur. En septembre 2005, il déposait plainte contre le trio, mais les tribunaux ne se chargèrent pas de cette tentative de meurtre avant 2007. Selon le NUJP, Alvaro Obregon est en liberté sous caution et toujours en service au sein de l'armée philippine. Ses supérieurs continuent d'ailleurs de le protéger, prétextant qu'il se trouvait en mission au Sulu au moment de l'attaque du journaliste. Ronilo Quinones aussi est en liberté sous caution, alors que Romeo Aranta est en fuite depuis le début du procès en 2007. M. Obregon est également soupçonné d'avoir proposé de l'argent à M. Martinez en 2008 pour qu'il abandonne ses poursuites. Après son agression, M. Martinez et sa famille ont enduré de grosses difficultés ; ils ont dû abandonner leur foyer et vivre séparément, alors que M. Martinez avait besoin de soins. Son épouse survit en vendant du riz à des fermiers et ses enfants vivent grâce au soutien du Fond de sécurité et de solidarité médiatique (MSSF). Le MSSF fonctionne grâce à des dons envoyés par des médias australiens en aide à la région Asie-Pacifique dans les périodes d'urgence, de difficulté et de guerre. En novembre 2014, une délégation de la FIJ rencontrait la famille de M. Martinez à l'occasion d'une mission internationale aux Philippines durant laquelle la FIJ a également fait pression pour faire entendre l'affaire du journaliste et de sa famille. Jane Worthington, directrice intérimaire de la FIJ Asie-Pacifique, a déclaré : « L'année dernière seulement, nous rencontrions la famille de M. Martinez et découvrions cette malheureuse histoire de justice bafouée et les terribles souffrances engendrées pour toute une famille. La procédure juridique contre ces agresseurs a duré pendant de trop longues années, qui finalement, l'auront coupé de sa famille et lui fait perdre la vie. Le système judiciaire philippin a échoué. Et malheureusement, ce n'est pas un incident isolé. » La FIJ considère que l'affaire Martinez est un exemple typique de l'échec du système judiciaire philippin pour rendre justice aux professionnels des médias victimes d'attaques. Cinq ans après le massacre d'Ampatuan qui avait fait 58 morts dont 32 journalistes, aucune condamnation n'a été prononcée. « Il faut agir si l'on veut pouvoir changer le système judiciaire aux Philippines », a déclaré la FIJ. La FIJ tient à adresser ses plus sincères condoléances à la famille de M. Martinez. Il sera enterré le 24 janvier en présence de sa femme et de ses deux enfants. La délégation de la mission internationale FIJ-NUJP publiera ses recommandations le 23 janvier sur le site internet de la FIJ.

Pour plus d'informations, contactez le bureau Asie-Pacifique de la FIJ au +61 2 9333 0946

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