Népal : Harcèlement par la police d’un journaliste à propos d’un rapport de vérification des faits

Umesh Shrestha, rédacteur en chef de Nepal Fact Check, a été convoqué et harcelé par des agents du cyber-bureau de la police népalaise pour avoir publié un rapport dénonçant la diffusion de « fake news » au sujet du fonds Millennium Challenge Corporation (MCC) Nepal Compact. La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et son affilié népalais, la Fédération des journalistes népalais (FNJ), condamnent le harcèlement arbitraire des journalistes du fait de leur travail et exigent qu’une enquête soit menée sur l’incident.

Journaliste Umesh Shrestha. Crédit : Manoj Ratna Shahi

Dans un article publié sur son blog, Shrestha raconte que le 22 février, des agents du cyber-bureau de la police népalaise de Katmandou l’ont convoqué en prétextant une « discussion ». À son arrivée, le 23 février, le surintendant adjoint de la police (DSP) Pradin Tamrakar l’a harcelé et accusé de diffuser de fausses informations concernant le fonds MCC, fonds subventionné par les États-Unis et destiné à améliorer les infrastructures au Népal. 

Shrestha, fondateur du blog indépendant MySansar et rédacteur en chef de Nepal Fact Check, une plateforme qui enquête sur le contenu des médias népalais à la recherche d’informations fausses ou trompeuses, a affirmé que Tamrakar l’avait menacé de le faire arrêter.

Sur son blog, M. Shrestha affirme que celui-ci aurait été convoqué par le cyber-bureau à la suite d’un article qu’il a publié et qui faisait état d’un certain nombre de chaînes YouTube, de sites d’information et d’utilisateurs de médias sociaux au Népal diffusant de fausses informations concernant le fonds MCC. Le rapport suggérait également la mise en place de mesures pour endiguer la diffusion de « fake news ».

« Je déplore le fait que la police m’ait harcelé sans même connaître le contenu de mon article. Ils m’ont demandé qui m’avait donné l’autorisation d’écrire un tel article. Ils m’ont traité comme un criminel. Ils n’étaient pas prêts à m’écouter. Ils ont même menacé de m’arrêter et ont essayé de m’arracher mon téléphone portable lorsque j’ai essayé d’appeler à l’aide », a déclaré Shrestha.

Shrestha a finalement été libéré le 23 février, après une enquête qui a duré une heure et demie.

Le MCC, un fonds américain créé en septembre 2017 et destiné à améliorer les infrastructures au Népal, notamment les lignes de transport électrique et les chemins de fer, a récemment fait l’objet de controverses résultant d’interprétations multiples de certaines dispositions de l’accord.

D’après le FNJ, en 2021, 32 cas de harcèlement et de menaces à l’encontre de journalistes de la part d’acteurs étatiques et non étatiques ont été enregistrés.

Le Secrétaire général du FNJ, Roshan Puri, a déclaré : « La convocation, le harcèlement et les menaces que la police fait peser sur un journaliste sans connaître le contenu essentiel de l’article constituent une violation absolue de la liberté de la presse et de la liberté d’expression. La FNJ exhorte les autorités à respecter les droits des journalistes garantis par la Constitution. »

La FIJ a déclaré : « Le fait que les autorités népalaises aient convoqué de manière injustifiée Umesh Shrestha est préoccupant et témoigne de l’incompétence de la police en matière de lutte contre les fake news et la désinformation. La FIJ demande qu’une enquête soit menée sur cet incident et exhorte le gouvernement népalais à veiller à ce que les journalistes ne soient pas harcelés ni détenus dans l’exercice de leurs fonctions. »

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