Maja a commencé sa carrière en tant que présentatrice d'émissions pour enfants et de divertissement et a travaillé comme reporter de guerre pendant le conflit des Balkans. Aujourd'hui, elle est connue pour son rôle éditorial au Hrvatska Uživo, un magazine d'information diffusé l'après-midi sur la télévision croate. Elle est une fervente défenseure de la radiodiffusion de service public

1) Quelle est votre plus grande préoccupation pour la liberté de la presse dans votre pays?

"La Croatie est une démocratie relativement jeune et de nombreuses choses qui existent déjà dans des États qui sont membres de l'UE depuis plus longtemps doivent encore être conquises dans mon pays. La protection des droits des travailleurs pose de nombreux problèmes. Dans certaines salles de rédaction, les employeurs n'appuient pas les syndicats et seuls deux médias (radiodiffuseurs de service public) ont approuvé les conventions collectives. Cela a un impact sur la sécurité des journalistes et donc sur la liberté d'expression. L'impact de la politique sur les médias est important et cela se reflète dans cette crise pandémique. Les grands médias dépendent de l'aide gouvernementale, qui a en fait été absente et n'a apporté aucun soutien aux médias. Les pigistes ont été abandonnés et doivent lutter pour leur survie, tout simplement. La Croatie n'a ni stratégie médiatique ni législation solide sur les médias. Le service public de radiodiffusion dépend de la volonté politique du parti au pouvoir car son directeur général est nommé par le Parlement. Il est difficile de parler de médias libres et indépendants".

2) Quels sont vos défis quotidiens en tant que journaliste?

"En tant que journaliste à la télévision publique, j'essaie de prouver combien il est important que les médias de service public soient indépendants de toute influence politique. Des médias de service public puissants et gratuits sont l'un des piliers de chaque société et sont particulièrement importants dans les jeunes démocraties comme la Croatie. Au cours de cette lutte, j'ai perdu l'émission de télévision quotidienne sur laquelle je travaillais avec d'autres journalistes qui se battent pour un diffuseur public libre et indépendant. Notre magazine d'information a été supprimé et remplacé par un divertissement. On nous a assigné d'autres emplois. La portée de mon travail est désormais réduite, mais je continue mon combat pour un média de service public indépendant à la fois en tant que journaliste, mais aussi en tant que présidente d’un syndicat".
 

3) Quelles sont les sujets les plus importants à couvrir en ce moment?

"Actuellement, nous couvrons principalement l'actualité de la pandémie du Covid-19 et ses conséquences. Nous sommes confrontés à de nombreux changements dans le secteur du journalisme, pour la plupart négatifs, allant de la réduction des droits des professionnels des médias aux violations graves de la liberté d'expression lorsqu'ils remettent en question les actions des responsables de la gestion de la crise. En tant que syndicat, nous n'avons pas soutenu la décision du gouvernement d'inviter uniquement une sélection d’éditeurs de médias à une réunion avec le Premier ministre et les ministres pour discuter des moyens de couvrir la crise. Nous pensons que de tels arrangements ne sont pas nécessaires et que tous les journalistes peuvent réaliser des reportages professionnels et responsables sans recevoir de recommandations du gouvernement".