Les journalistes quittent en masse l'audiovisuel hongkongais TVB - le service des nouvelles serait compromis

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a exprimé ses craintes face au manque d'intégrité dont font continuellement preuve les politiciens de la région administrative spéciale. En effets, ces derniers s'ingèrent régulièrement dans la ligne éditoriale de la chaîne télévisée gratuite la plus importante de Hong Kong, Broadcasting Television of Hong Kong (TVB).     Selon un rapport publié dans un journal hongkongais le 2 mars, TVB aurait recruté un ancien secrétaire de l'Alliance démocratique pour l'amélioration et le progrès de Hong Kong (DAB) au poste de rédacteur en chef. Le rapport ajoute qu’il devrait être chargé des informations politiques. Étant donné le caractère épineux de cette information, la FIJ a choisi de ne pas révéler le nom de cette personne.     Il a été signalé que l'ancien Secrétaire de la DAB avait été employé pendant plus de 10 ans par cette organisation, le parti politique pro-Beijing (Pékin) le plus ancien et le plus important de Hong Kong. Il a également été employé par le quotidien WenWei Po, un journal hongkongais dirigé par le gouvernement central de la RPC, ainsi que par les chaînes télévisées TVBS, et TVB à Taiwan.     Kenneth Yuen, directeur du département des nouvelles de TVB a démenti toute ingérence politique dans la nomination du nouveau rédacteur en chef. Toutefois, la nouvelle a été accueillie par un flot de critiques internes comme externes. Bon nombre d'employés de TVB s'inquiètent que cette inclination politique en faveur du gouvernement de Beijing restreigne encore plus l'indépendance du service des nouvelles.     Depuis le Nouvel an chinois, fêté en février, plusieurs journalistes ont rendu leur démission, dont Lam Tsz-Ho, Tiffany Lau, Tsz-Yan, Stella Lam Chiu-Yee, Maggie Tam Mei-Kei, Julia Chiu Pui-Yu, Ho Wing-Hong et Peri Chow. La plupart étaient employés par TVB depuis près de 20 ans.     Les employés qui n'ont pas démissionné, et qui ont préféré garder l'anonymat, ont fait part à la FIJ de la baisse de moral générale ressentie au service des nouvelles. Les gestionnaires intermédiaires de TVB ont annoncé à leur personnel que si les conditions de travail ne leur plaisaient pas, ils n'avaient qu'à démissionner.     De nombreux journalistes se sont vus interdire de couvrir des informations politiques pendant le Mouvement d'occupation de l'année dernière, à Hong Kong, parce que le gouvernement les considérait « peu fiables ». Quant à ceux qui ont pu couvrir les manifestations, leur direction leur a demandé d’éviter les critiques envers les forces de police car « la Police représente le secteur le plus friable de notre société, ainsi la presse a le devoir de les protéger ».     Un autre journaliste a déclaré à la FIJ : « Certains d'entre nous ont demandé au Directeur général les raisons de cette interdiction concernant certaines manifestations ou certaines informations politiques. Cependant, ils n'ont jamais obtenu de réponse. Nous ne partageons pas la vision de notre Direction. Ces professionnels qu'ils qualifient de « peu fiables » sont des journalistes politiques expérimentés avec une parole libre. De nombreux confrères ont insisté auprès de la Direction pour pouvoir continuer à couvrir les événements et ont proposé d'aider les autres journalistes à rédiger leurs articles, en vain.   Un employé a également révélé à la FIJ que la direction « s'arrangeait afin de détacher des journalistes débutants pour couvrir les événements politiques, à la place des journalistes expérimentés ».     Le 15 octobre 2014, quelques journalistes sont parvenus à filmer plusieurs membres des forces de police en train de déloger un manifestant du Mouvement d'occupation et de le diriger vers un endroit isolé pour le passer à tabac pendant plusieurs minutes. Cependant, le reportage a été modifié et les voix-off supprimées après l'intervention de la Direction générale auprès du Département de la Publication. L'intervention a d'ailleurs soulevé un tollé dans l'entreprise comme dans la société. Des douzaines de journalistes de TVB ont envoyé des lettres ouvertes pour critiquer cette manœuvre, et trois d'entre eux ont été sanctionnés pour cela. Deux des journalistes, qui ont quitté TVB depuis, avaient été rétrogradé ; Ho Wing-Hong, au poste de chercheur principal et Peri Chow, affectée au partage des informations avec les médias étrangers.     Un journaliste a déclaré : « La communauté toute entière ressent un affolement et une déception immense après l'incident survenu en octobre de l'année dernière. Bien que nombre d'entre nous ayons signé une lettre conjointe pour exprimer notre amertume à la direction du département des nouvelles et qu'une action ait été entreprise, la situation ne s'est nullement améliorée. Chaque jour, nous devons trouver de nouveaux moyens pour relayer l'information aux citoyens. »   Le bureau Asie Pacifique de la FIJ a annoncé : « Il est très discutable que TVB emploie le membre d'un parti politique au poste de rédacteur en chef, chargé des informations politiques. La FIJ se sent très préoccupée par la dégradation des normes de TVB depuis l'année dernière, et, au vu des séries d'incidents survenus au sein de l’entreprise médiatique, nous remettons en doute son indépendance et son impartialité.     La FIJ appelle le Bureau des autorités de communication à étudier les nombreux incidents survenus chez TVB, ainsi que les principes directeurs et les règlements de l'entreprise.     Nous exhortons également la direction de TVB à préciser les raisons de la nomination de ce cadre d'un parti politique et à présenter les protocoles qui garantiront la neutralité et l'impartialité de son département.

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