La violence contre les journalistes en Ukraine exige un engagement international

La mission du « Partenariat international sur la sécurité et la protection des journalistes et la liberté de la presse en Ukraine », présente à Kiev, ces 19 et 20 février 2014, a pris connaissance des récits et du témoignage d'un large éventail de parties prenantes aux événements de ces derniers jours. La mission a constaté :

- un nombre impressionnant de cas de violence et de harcèlement à l'encontre des journalistes , y compris l'assassinat du journaliste Vyacheslav Veremyi ;

- les preuves évidentes que les journalistes ainsi que les autres professionnels des médias et des organisations de médias sont directement visés et attaqués en raison de leur travail ;

- une culture d'impunité, faute d'enquêtes et de poursuites suite aux crimes commis contre les journalistes, les professionnels des médias et des organisations de médias ;

- que les autorités ukrainiennes se sont engagées dans une politique de blocage, de censure et d'entrave à l'égard des organisations de presse, en particulier pendant les manifestations et les actions de protestation;

- que les pressions économiques et d'autres méthodes indirectes de dissuasion continuent d'être utilisées par les autorités ukrainiennes afin de décourager les reportages critiques.

La mission de partenariat, qui réunissait des organisations locales et internationales de journalistes et de défenseurs de la liberté de la presse, rappelle respectueusement au gouvernement ukrainien qu'il est du devoir de l'État de protéger tous les citoyens , y compris les journalistes , et de veiller à ce que les journalistes et les organisations de médias puissent exercer leurs fonctions sans crainte de violence ou de harcèlement .

La mission reconnaît et salue le travail courageux de nos collègues en Ukraine dans l'exercice de leurs fonctions essentielles, dans des circonstances dangereuses et difficiles .

La mission :

- demande aux autorités ukrainiennes de remplir leurs obligations, en faisant en sorte que toutes les attaques contre les journalistes , les professionnels des médias et des organisations de médias cessent immédiatement ;

- invite le gouvernement ukrainien à lancer une enquête immédiate, indépendante et transparente afin que les responsables des attaques répondent de leurs actes en justice ;

- demande instamment au Conseil de l'Europe de collaborer avec les autorités ukrainiennes afin de garantir la mise en œuvre de cette enquête, tout en menant sa propre enquête ;

- invite les autorités ukrainiennes à appliquer la législation existante, notamment l'article 171 du Code criminel, qui interdit toute entrave à l'activité journalistique ;

- demande instamment que des efforts conjoints soient déployés pour obtenir justice internationale, y compris par la saisine potentielle de la Cour européenne des droits de l'homme ;

- invite les autorités ukrainiennes à reconnaître le droit fondamental du public à recevoir des informations exactes et diversifiée et à s'abstenir de bloquer, censurer ou entraver de toute autre manière l'indépendance des médias ; elle les incite à favoriser le développement d'un marché des médias indépendant et viable.

La mission du « Partenariat international sur la sécurité et la protection des journalistes et de la liberté de la presse en Ukraine » intègre des représentants de l'Union nationale des journalistes d'Ukraine (Nuju), du Syndicat des médias indépendants d'Ukraine (IMTUU) , de l'Association ukrainienne des éditeurs de presse , des Editeurs régionaux indépendants de presse d'Ukraine , des Fédérations européenne et internationale des journalistes (FEJ et FIJ) , de l'International Media Support (IMS) , d'Open Society Foundations, de l'Association mondiale des éditeurs de journaux (WAN-IFRA) , d'Article 19 , et de Reporters sans frontières.