La censure n’est pas la solution au terrorisme : la FIJ et les médias pakistanais rejettent les recommandations

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et son syndicat pakistanais (PFUJ) expriment leur forte inquiétude face aux nouvelles recommandations (en anglais) pour la télévision pakistanaise et les médias écrits. La FIJ a déclaré que ces directives, instaurées pour répondre à la cruelle attaque terroriste contre l’école à Peshawar en décembre 2014, auront un effet catastrophique sur la liberté de la presse au Pakistan. Les recommandations, détaillées en 46 points dans les « Propositions pour renforcer le rôle des médias dans la lutte antiterroriste », rapport publié par le Comité permanent sur l’information, la diffusion et le patrimoine national, prévoient la censure des reportages en direct et la création d’un Comité de rédaction ayant pour mission d’examiner minutieusement « chacune des informations, images et actualités ». Selon ces mêmes recommandations, les médias sociaux sont utilisés par les réglementations législatives comme moyens d’assurer que les méthodes d’incitation à la violence, aux abus, et autres agressions du genre soient placées sous haute surveillance et contrôlées par le gouvernement via des logiciels. Approuvées par la Commission permanente, ces directives sont maintenant en attente de l’approbation de l’Assemblée nationale. Le syndicat pakistanais a fermement rejeté ces recommandations, élaborées après le massacre par les talibans de 152 personnes dont 134 enfants à Peshawar le 16 décembre dernier. Il précise également qu’elles ne conviennent pas à la situation actuelle et se solderont pas une restriction de la liberté de la presse. Le syndicat a ajouté : « Le gouvernement semble s’être décidé à superviser les médias et leur rôle. Nous condamnons de tels actes visant à prendre le contrôle de la liberté d’expression. Nous résisterons à toute tentative de limiter la liberté des médias et la liberté d’expression. » Bytes for All, organisation pakistanaise de défense des droits de l’Homme et groupe de réflexion a également fortement critiqué ces directives et affirmé que « le gouvernement a catégorisé les terroristes de façon trop arbitraire car ce terme peut être utilisé pour brimer les activistes politiques légitimes. De plus, dans une forte culture d’impunité, toute recommandation encourageant la propagande plutôt que les faits aura pour conséquence de rendre les journalistes plus vulnérables aux agressions. » La directrice adjointe du bureau Asie Pacifique de la FIJ, Jane Worthington, a confirmé l’inquiétude du syndicat pakistanais, affirmant que ces recommandations conduiraient au désastre pour la liberté de la presse au Pakistan. « Il règne comme un parfum de contrôle étatique sur les médias dans l’ensemble des dispositions contenues dans ces recommandations. Autre incompréhension fondamentale du rôle de la fonction des médias indépendants : le principe de base selon lequel les médias devraient d’une manière ou d’une autre apporter leur soutien aux organes de l’Etat dans la lutte antiterroriste. » « Les médias pakistanais subissent déjà une pression sur plusieurs fronts face au nombre croissant d’agressions. Des restrictions étatiques supplémentaires, sous couverts de ces règles, limiteraient effectivement la liberté d’expression dans de multiples domaines et risqueraient de donner lieu à des abus de la part de l’Etat », a déclaré la FIJ. « Nous en appelons instamment au refus de ces recommandations – créées en réaction à un acte terroriste atroce et insensé plutôt qu’en consultation avec les responsables des médias pour soutenir et promouvoir l’aspect éthique et professionnel du journalisme, sans le censurer. »

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