Le 28 mars 2022, le journaliste a été informé du non-respect de la confidentialité de ses communications et de l’infection de son téléphone portable. À cette occasion, il a reçu une réponse officielle du Citizen Lab de l’Université de Toronto, un laboratoire interdisciplinaire spécialisé dans le développement des technologies de l’information et de la communication, des droits humains et de la sécurité mondiale.
Selon InsideStory, qui a analysé le contenu du rapport du Citizen Lab, le téléphone de Thanasis Koukakis a été infecté par le logiciel espion Predator entre le 12 juillet et le 24 septembre 2021 minimum. Ce rapport a été rédigé à la suite de l’analyse technique d’un dossier extrait du téléphone portable du journaliste qui a été envoyé au laboratoire canadien pour être analysé.
Pour accéder au téléphone portable de Thanasis Koukakis, un SMS en apparence anodin a été envoyé à midi le 12 juillet 2021 par un téléphone portable grec. « En savez-vous beaucoup sur ce sujet, Thanasis ? », disait le message. Ce dernier était accompagné d’un lien vers blogspot.edolio5, sur lequel il suffisait de cliquer une seule fois pour que Predator soit installé.
Une fois téléchargé, ce logiciel espion transforme le téléphone portable en un dispositif de surveillance avancé. « Predator est un outil de surveillance qui donne à son opérateur un accès complet et permanent à l’appareil cible. Predator lui permet d’exporter des mots de passe secrets, des fichiers, des photos, l’historique de navigation Internet, des contacts, ainsi que des données d’identité (comme les informations du téléphone portable) », peut-on lire dans le même document du Citizen Lab. « Predator est capable d’effectuer des captures d’écran, d’enregistrer les saisies de l’utilisateur, ainsi que d’activer le microphone et la caméra de l’appareil. Ces manœuvres permettent aux pirates de surveiller toute action qui se déroule sur l’appareil ou à proximité de celui-ci, comme les conversations qui se tiennent dans une pièce. »
« Dans un État fonctionnel, la surveillance des journalistes est une composante du bon fonctionnement de la démocratie et de l’État de droit. L’identification des coupables est primordiale pour la défense des droits des citoyens, de la confidentialité journalistique et, en définitive, de l’indépendance de l’enquête journalistique », a déclaré la JUADN dans un communiqué. Le syndicat a également appelé ses membres à être extrêmement attentifs à tout message suspect qu’ils pouvaient recevoir sur leurs téléphones portables, qui comportent des liens douteux.
Anthony Bellanger, Secrétaire général de la FIJ, s’est exprimé à ce sujet : « Nous condamnons fermement toute tentative visant à interférer avec les communications privées des journalistes, portant ainsi atteinte à la protection dont bénéficient les citoyens lorsqu’ils échangent avec des professionnels des médias. Le gouvernement grec doit ouvrir une enquête approfondie sur cette affaire. De plus, la communauté internationale doit mettre en place un régime réglementaire qui permettra de contrôler et de réglementer toute entreprise qui fournit des produits susceptibles de porter atteinte aux libertés fondamentales des journalistes ».
Le dossier de la Grèce est le dernier en date parmi la liste des incidents d’espionnage similaires qui ont été portés à l’attention de la FIJ au cours des derniers mois :
Jordanie : Une journaliste ciblée par le logiciel espion Pegasus -