Audience inéquitable pour un journaliste chinois

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) désapprouve le verdict rendu à l'audience du journaliste chinois, qui était présidée par un comité ad hoc du Conseil de l'Association des journalistes chinois (ACJA). La FIJ craint que ce verdict ne mette en danger la vie du journaliste. Le 29 janvier, l'ACJA, association supervisée par le Parti communiste chinois, a annoncé que trois entreprises médiatiques de Chine avaient réalisé des « faux reportages ». Elle n'a ajouté aucune information sur sa déclaration, mais a quand même donné le nom d'un des journalistes accusés, Chai Huiqun, de l'hebdomadaire chinois Nanfang Zhoumo. Ce dernier a immédiatement contesté cette accusation via un message sur son compte Weibo, un réseau social chinois, et remis en cause l'intégrité du Conseil de l'association. Toutefois, il a été contraint de le supprimer quelque temps après. Chai Huiqun a révélé à la FIJ que le Conseil de l'ACJA était tendancieux, et son audience inéquitable. Il a ajouté qu'un représentant de l'ACJA était venu lui demander de lui fournir des renseignements sur ses informateurs, mais n'avait pourtant pas accepté que ceux-là participent à l'audience, malgré leur désir de témoigner. Le plus frustrant pour Chai Huiqun dans cette procédure, fut le conflit d'intérêt qui existait entre les membres du Conseil et l'Association des médecins chinois, qui avait déposé la plainte initiale pour faux reportage. Un certain nombre de membres du Conseil étaient en relation avec ladite association et certains y travaillaient même en tant que conseillers juridiques. Le site de l'ACJA ne référence pas le Conseil parmi ses organes et ne fait pas non plus mention de ses objectifs ni de ses missions ou de son mode d'organisation. L'ACJA fonctionne sous l'égide du Parti communiste chinois et a le devoir de promouvoir l'idéologie communiste. Parmi les anciens membres du Conseil de l'ACJA, 18 font maintenant partie soit du PCC, soit d'un média public. De nombreux journalistes expérimentés de Chine continentale ont avoué ne jamais avoir été au courant de l'existence d'un tel Conseil. Chai Huiqun a déclaré : « Je ne sais pas si les autorités vont me retirer ma carte de presse à cause du verdict du comité. Cependant, je pense que de telles accusations devraient être examinées par un tribunal, via une procédure juridique en bonne et due forme, et non par un comité ad hoc du Conseil de l'ACJA. » Le bureau Asie-Pacifique de la FIJ a annoncé : « Une procédure appropriée, l'impartialité, le bannissement des conflits d'intérêts ; voilà les composantes essentielles d'une audience équitable. Les relations entre l'ACJA et le PCC jettent un trouble sur l'affaire en l'absence de charte et de directives procédurières fixes et transparentes. » La FIJ exhorte l'ACJA à annuler la décision du comité et à en établir un autre pour accorder une nouvelle audience au journaliste, qui se déroulera dans une atmosphère équitable et impartiale. La FIJ a également rappelé que l'ACJA avait aussi pour devoir de respecter la profession de journaliste et de l'aborder avec un regard indépendant, dénué d'influence de la part d'acteurs extérieurs.

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