La FIJ condamne le meurtre “choquant et sauvage” d’un journaliste en Côte d’Ivoire

La Fédération internationale des journalistes a condamné aujourd’hui l’assassinat du correspondant français de Radio France Internationale (RFI), Jean Hélène, par un policier d’Abidjan, qualifié “d’attaque choquante et sauvage de la liberté de la presse.”

“Cette mort rappelle tristement au monde que la lutte pour les droits de l’Homme et la démocratie en Côte d’Ivoire n’est pas terminée” a déclaré Aidan White, Secrétaire général de la FIJ.

Jean Hélène a été tué hier à la sortie d’un poste de police alors qu’il attendait la libération d’activistes d’un parti d’opposition qui étaient détenus depuis la semaine dernière parce qu’ils étaient soupçonnés de préparer un assassinat. M. Hélène avait déjà fait un reportage sur la disparition des militants quelques jours plus tôt.

Des témoins ont déclaré qu’un policier est entré au poste où les activistes venaient d’être libérés et a dit à l’officier de police qu’un “homme blanc” se trouvait à l’extérieur. On lui a dit que l’homme était un journaliste et qu’on l’attendait. Le policier est alors ressorti de l’immeuble et un coup de feu est parti peu après. Des personnes sont sorties et ont vu un corps allongé près d’une voiture avec du sang sur le sol. Ils sont retournés à l’intérieur pour en informer l’officier de police qui a désarmé son subalterne en lui disant : "Tu nous as créé un gros problème."

“Cet acte criminel et brutal de la part des autorités locales blesse au cœur l’ensemble du journalisme et du droit de la presse dans la région,” a déclaré Aidan White. “L’élimination de journalistes ne va pas apporter la paix et la stabilité, mais va encore approfondir la crise dans le pays.”

Le Président Laurent Gbagbo, le Premier Ministre Seydou Diarra et l’ambassadeur français se sont rendus sur les lieux de la fusillade mardi dans la soirée. M. Gbagbo a affirmé qu’il allait immédiatement lancer une enquête. Un policier aurait été arrêté, d’après des sources officielles.

Depuis l’explosion de la guerre civile l’année dernière dans l’ancienne colonie française, les partisans de M. Gbagbo en particulier ont accusé les médias étrangers et les chaînes de radio et télévision françaises d’un biais pro-rebelles et certaines ont été critiquées par la presse locale.

Les partisans de M. Gbagbo reprochent aux français, qui disposent de 4000 hommes dans le pays, de ne pas agir pour repousser les rebelles, tandis que ces derniers accusent les français de compromission avec l’administration de M. Gbagbo.

De violentes manifestations anti-françaises ont éclaté en janvier après que les parties engagées dans le conflit aient signé à Paris un accord de paix. Des hommes d’affaires français ont par ailleurs été agressé au cours du mois dernier dans des émeutes.

La FIJ a organisé une formation pour la sécurité personnelle des journalistes ivoiriens en novembre 2002 au début de la guerre civile (lien en anglais : La formation pour la sécurité personnelle des journalistes ivoiriens - novembre 2002)

La FIJ appelle le Président Laurent Gbagbo à tenir sa promesse de conduire une enquête approfondie et immédiate pour éclaircir la mort de M. Hélène. « La sécurité des journalistes locaux ou étrangers doit être assurée pour éviter l’apparition d’une culture d’impunité dans cette région » a déclaré Aidan White.

Plus d’information: + 32 2 235 22 00
La FIJ représente près de 500 000 journalistes dans plus de 100 pays.