Etude sur le travail atypique dans le secteur des médias

 

© IFJLa nature du travail dans le secteur des médias connaît une mutation profonde.

L’emploi dans les médias s’est précarisé, insécurisé et intensifié. Au cours des cinq dernières années, nous avons observé une tendance à abandonner la négociation collective et à glisser vers des négociations individuelles. En Asie et en Amérique latine, les journalistes régis par un contrat individuel sont de plus en plus nombreux. Dans le monde entier, la tendance est à la privatisation des médias d’Etat et les journalistes expérimentés, qui ont certaine ancienneté, sont de plus en plus souvent remplacés par des jeunes, fraîchement diplômés, qui ne sont pas engagés à durée indéterminée, dont la relation d’emploi est ‘atypique’.

L’arrivée de ces nouvelles têtes dans les médias semble entraîner une baisse de la rémunération moyenne, en termes réels, ou au mieux, un maintien du niveau de rémunération depuis cinq ans.

Dans certaines régions, les médias se concentrent. Dans d’autres (en général, dans le monde en développement), les nouveaux médias et les nouveaux propriétaires prédisent des créations d’emplois de journalistes (surtout de jeunes journalistes).

Ces changements semblent avoir un impact négatif sur la qualité du contenu rédactionnel et peuvent mettre en danger le rôle de vigilance qu’ont les médias vis-à-vis de la société. L’insécurité de l’emploi peut ouvrir la voie, et c’est perceptible, à un recul du journalisme critique et d’investigation ; les modifications dans la concentration des médias et les pressions exercées par les forces extérieures pourraient entraîner un glissement vers l’autocensure ; les travailleurs des médias sont de plus en plus sensibilisés aux coûts de fonctionnement d’un journal ou d’une radio-télévision, à l’importance de la publicité, et ces éléments peuvent infléchir les décisions rédactionnelles ; dans certains cas, le bas niveau des salaires peut éroder l’éthique journalistique, faciliter la corruption ou la tradition de ladite « enveloppe ».

Les travailleurs atypiques représentent en moyenne quelque 30% des membres des organisations affiliées à la FIJ, bien qu’en général, ces organisations savent peu de chose sur ces membres. Elles disposent de peu de données statistiques sur les employeurs de ces journalistes.

Les travailleurs atypiques se voient offrir un tarif fixé par les employeurs, habituellement à l’article, la pige, et n’ont généralement pas les mêmes conditions de travail que les employés permanents. Les journalistes free-lance n’ont souvent qu’un engagement oral, sans contrat et sont fournisseurs d’un nombre d’employeurs qui varie entre un et quatre.

Les organisations affiliées à la FIJ reconnaissent que les relations d’emploi atypiques présentent des désavantages, notamment des conditions de rémunération et de travail médiocres. Cependant, d’aucuns trouvent dans ce style de travail une certaine satisfaction professionnelle. Les organisations de la FIJ essaient de s’engager, de faire campagne pour leurs membres dont l’emploi est atypique mais se heurtent à des difficultés compte tenu des revendications de leurs membres ordinaires et de la charge de travail supplémentaire que suppose l’organisation de services pour un groupe aussi disparate.

Ce rapport a été soutenu par le Bureau international du travail et par la Commission Européenne.

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