La Fédération européenne des journalistes (FEJ) et
les syndicats français et allemands de journalistes sont inquiets pour l'avenir
des salariés de DAPD après l'annonce du dépôt de bilan de la maison mère
et de six sociétés de la deuxième agence de presse outre-Rhin.
Cette décision survient après une ruineuse concurrence avec d'autres agences de presse
sur ls marchés français et allemand, caractérisée par des prix cassés grâce à des
freelances/pigistes travaillant pour DAPD. De plus, DAPD a connu une expansion
exagérée ces derniers mois suite à la prise de contrôle de plusieurs
entreprises de médias (qui permettent à DAPD d'élargir considérablement son
empire): l'agence photo Picture Press au groupe Gruner + Jahr (filiale de
Bertelsmann), une autre agence photo, Sipa Press, puis de DioraNews,
agence fournisseur de contenus et filiale de la société italienne Buongiorno
(ces deux dernières basées à Paris). Comment DAPD peut-elle justifier ces trois
prises de contrôle et déposer le bilan quelques mois plus tard? N'est-ce pas le
pool bancaire lui ayant apporté son concours qui, aujourd'hui, exige de
"tailler" dans les effectifs pour rétablir au plus vite l'équilibre
financier et, ainsi, obtenir un retour sur investissement quasi immédiat ?
Devant cette avalanche de dépôts de bilan, quel est
l'avenir de Sipa News et de ses salariés ? Et celui des autres
filiales de DAPD? En Allemagne comme en France, les emplois sont les
seules variables d'ajustement sur lesquelles jouent les patrons des médias pour
accroître leur taux de rentabilité financière; aujourd'hui, 299 emplois sur 515
sont sacrifiés.
Pour la FEJ ces suppressions d'emplois sont
totalement inadmissibles et vont au détriment de la qualité de l'information. Avec
les syndicats allemands et français, la FEJ s'emploiera à demander des comptes
aux managers de l'entreprise et stopper l'hémorragie des emplois.
DADP compte-t-elle ainsi relancer la concurrence
contre DPA en Allemagne et contre l'AFP en France? Cette offensive tous azimuts
ne serait-elle pas à l'origine de la plainte lancée à Bruxelles contre l'AFP
pour concurrence déloyale en prenant prétexte des abonnements des services
publics français?
Pour la FEJ cette plainte est juridiquement
sans fondement et politiquement un contre-sens. En effet, il existe d'autant moins de cause réelle
et sérieuse à poursuivre cette procédure auprès de la Commission que le
Parlement français a voté une loi qui a modifié l'article 13 des statuts
de 1957 de l'AFP. La loi prévoit désormais explicitement « la compensation
financière par l'Etat des coûts nets générés par l'accomplissement de ses
missions générales telles que définie par les articles 1 et 2 ». Il semble que la Commission n'ait pas pris en
compte cette loi pour classer définitivement la plainte allemande.
Plus fondamentalement, la FEJ et ses syndicats
allemands et français estiment nécessaire dans le domaine de l'information se
référer non pas aux textes relatifs à la concurrence mais à ceux portant sur
l'exception culturelle (art 167 du Traité sur le fonctionnement de l'UE). En
effet, l'information n'est pas une marchandise.
Pour plus d'informations, veuillez contacter la FEJ au +32 2 235 22
00.
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