Selon le NUJP, les accréditations de journalistes violent la liberté de la presse

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) se joint au Syndicat national des journalistes des Philippines (NUJP) pour critiquer sévèrement la nouvelle disposition de la loi parlementaire 362 (House bill) qui a pour objectif d'amender la loi de la république 53 (« Sotto Law ») et de réduire le champ d'action des journalistes en rendant obligatoire l'émission d'accréditations. La FIJ demande un amendement de cette loi pour que toute mention d'accréditation pour les journalistes et les professionnels des médias en soit retirée. En 2014, le député Raul del Mar avait présenté son  House Bill 362 (en anglais), un amendement de la loi 53 pour étendre l'obligation des journalistes de révéler leurs sources d'informations. Le dernier amendement a pour but d'élargir la « Loi Sotto » en vertu de laquelle les journalistes ont l'obligation de divulguer leurs sources confidentielles lorsque « la Cour, la Chambre des communes, le Sénat ou l’un de ses Comités juge que cette révélation est nécessaire à la sécurité de l'État ». Cependant, l'article 2 de la loi prévoit que : « Aux fins de la présente loi, seul un journaliste ou un professionnel de l'impression, de la diffusion et de la fourniture de services médiatiques par internet ou par câble, accrédité par une association médiatique reconnue et/ou qui est régulièrement employé dans une organisation, une antenne ou un réseau de services médiatiques par câble ou par internet, de services de diffusion ou d'impression légale, peut recevoir l'accréditation gouvernementale, à condition que tout journaliste employé par une entreprise médiatique légale soit jugé comme un journaliste accrédité. » Ainsi, cette disposition laisse la porte ouverte au gouvernement pour intervenir dans l'interprétation d'un « journaliste accrédité ». Toutefois, la loi homologue No. 165 (en anglais) proposée par le sénateur Ramon « Bong » Revilla Jr., ne fait aucune mention d'accréditation. La présidente du NUJP, Rowena Paraan a annoncé : « Bien sûr le NUJP contrôle et accrédite ses membres, mais ce n'est qu'un processus interne qui ne s'intéresse nullement à la façon dont les professionnels non-membres pratiquent le journalisme. Le NUJP a toujours été convaincu que le journalisme, en plus d'être une profession qui permet de tirer des revenus de sa pratique, est une extension naturelle des droits fondamentaux des peuples à l'information et à la liberté d'expression et par conséquent, devrait pouvoir être exercé par quiconque sans besoin de passer par le processus d'accréditation. » « C'est aussi la raison pour laquelle les médias respectent une certaine autorégulation et n'ont pas besoin de processus de régulation. Toute régulation du journalisme par l'État ne peut mener qu'à un résultat déplorable - la mort de la liberté de la presse et des médias indépendants des Philippines », a déclaré le NUJP. Jane Worthington, directrice intérimaire de la FIJ Asie-Pacifique, a annoncé : « Réduire la profession du journalisme seulement à ceux qui travaillent pour une organisation médiatique "reconnue" ou qui sont accrédités par des organisations réputées instaure des limitations au métier de journaliste. Imposer de telles restrictions dans le journalisme finira par limiter le nombre de voix et d'opinions entendues, affaiblissant ainsi la liberté de la presse et le droit à l'information aux Philippines. »

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