Éditrice indienne arrêtée pour avoir publié une caricature de Charlie Hebdo

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) se joint au Syndicat des journalistes de Delhi (DUJ) et au Syndicat des journalistes de Brihanmumbai (BUJ) pour condamner l'arrestation de Shirin Dalvi, éditrice d'un journal en langue ourdou publié à Mumbai, en Inde. Elle a été appréhendée le 29 janvier 2015 pour avoir publié une caricature issue du journal satirique français Charlie Hebdo. La FIJ considère cet acte comme une violation de la liberté d'expression et appelle à l'établissement d'une procédure pour traiter des infractions de la déontologie des journalistes via un Conseil de la presse. Shirin Dalvi est l'éditrice du quotidien Awadhnama établi dans la ville de Mumbai, en Inde. Elle a été arrêtée dans le quartier des finances de la ville pour la publication de la caricature « anti-islamique » présente en première page du Charlie Hebdo du 17 janvier. Elle fut ensuite relâchée sous caution par la Cour. L'éditrice a été inculpée en vertu de l'article 195A du Code pénal indien, qui interdit « tout acte malintentionné et délibéré pouvant porter atteinte à la sensibilité religieuse des citoyens ». Selon les rapports, la police aurait reçu de nombreuses plaintes liées à la caricature du prophète Mahomet, publiée 10 jours après l'attentat qui a frappé les bureaux de Charlie Hebdo et tué 12 personnes. Mme Dalvi avait présenté ses excuses le lendemain de la publication de son journal contenant la caricature du prophète. Cependant, elle a été contrainte de se cacher et de porter le voile à cause de nombreuses menaces de mort. La publication de son journal a également été interrompue après l'incident. Le BUJ a déclaré : « Il existe des mécanismes d'autorégulation que les citoyens peuvent utiliser pour régler les problèmes de déontologie ou de responsabilité des journalistes. Il est important de renforcer ces mécanismes pour pouvoir aborder et traiter ces questions. » Le DUJ a d'ailleurs déclaré : « Cette affaire est la preuve de l'intolérance dont la religion fait preuve et représente une violation de la liberté de la presse. Bien sûr, il faut respecter les sentiments et la sensibilité religieuse des citoyens, mais il faut aussi respecter les droits séculiers et la liberté des médias, qui sont les garants de la démocratie en Inde. » Jane Worthington, directrice du bureau Asie-Pacifique de la FIJ a déclaré : « L'arrestation de Shirin Dalvi est une affaire préoccupante et représente une atteinte à la liberté d'expression. Un tel événement peut avoir un effet d'intimidation sur les journalistes et les professionnels des médias, notamment en matière d'autocensure. » La FIJ appelle les autorités indiennes à respecter le droit constitutionnel à la liberté d'expression et à retirer immédiatement les charges qui pèsent contre l'éditrice.

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