La FIJ appelle le Président de la Guinée-Bissau à soutenir les journalistes couvrant le trafic de drogue

La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), a adressé aujourd’hui une lettre au Président Joao Bernardo Vieira de la Guinée Bissau lui demandant de mettre un terme au harcèlement des journalistes couvrant le trafic de drogue en Guinée-Bissau.

« Nous sommes consternés qu'un reporter ayant servi d’interprète dans une interview accordée à ITN News une télévision britannique couvrant le trafic de drogue a été inculpé pour diffamation après que le chef de la marine a porté plainte contre lui, » a écrit Gabriel Baglo, Directeur du bureau Afrique de la FIJ. « Les menaces contre un autre journaliste qui a écrit au sujet du commerce de drogue l'ont poussé à fuir le pays. »

Albert Dabo, journaliste travaillant pour Reuters et pour la radio privée Bombolom Fm a été inculpé le 29 août pour diffamation, violation de secrets d’état, abus de la liberté de la presse, dénonciation calomnieuse et collusion avec des journalistes étrangers. Ceci fait suite à une plainte déposée par le chef de la marine nationale, le Contre-amiral Jose Américo Bubo Na Tchuto. Le Contre-amiral Na Tchuto a dit que M. Dabo lui a faussement attribué des propos disant que des soldats sont impliqués dans le trafic de drogue lors d’une interview accordée à ITN News une télévision britannique au cours de laquelle Dabo a servi d’interprète. Et selon Dabo, aucun des organes où il travaille n’a publié cette interview.

La FIJ estime que les charges contre M. Dabo sont totalement infondées et craint qu'il ne bénéficie pas d’un procès juste.

La FIJ a demandé au Président Vieira d’appeler le Contre-amiral Na Tchuto à retirer ses charges contre Dabo et à arrêter les menaces militaires contre M. Dabo, qui reçoit des menaces de mort depuis juin. En raison de la gravité de ces menaces M. Dabo a été forcé d’entrer brièvement dans la clandestinité.

Allen Yero Emballo, correspondant de Radio France Internationale (RFI) et de l'Agence France-Presse (AFP) a quitté la Guinée-Bissau il y a un mois par peur pour sa sécurité après que son domicile a été cambriolé et qu’il a été menacé. Emballo a trouvé sa résidence cambriolée quand il revenait d’un reportage dans l’archipel des Bijagos au sud de la capitale. Il s’y est rendu pour enquêter sur des paquets supposés contenir de la drogue qui y avaient été parachutés.

« En protégeant et en soutenant les journalistes qui assurent la couverture du commerce illégal de stupéfiants dans votre pays, vous favoriserez la liberté de la presse et le public comprendra que le gouvernement ne soutient pas le trafic de drogue, » a ajouté Baglo.

Pour plus d’informations, merci de contacter le + 221 842 01 43
La FIJ représente plus de 600 000 journalistes dans 114 pays

Ci-dessous le texte de la lettre de la FIJ au Président Joao Bernardo Vieira :


3 Septembre 2007

Président Joao Bernardo Vieira
Ambassade de Guinée-Bissau à Dakar, Sénégal
Fax : 824 59 22

Excellence M. le Président,

Au nom de la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), l'organisation mondiale représentant plus de 600.000 journalistes dans 114 pays dans le monde, je vous invite à mettre un terme au harcèlement des journalistes couvrant le trafic de drogue en Guinée-Bissau.

Nous sommes consternés qu'un reporter couvrant le trafic de drogue a été inculpé pour diffamation après que le chef de la marine a porté plainte contre lui. Les menaces contre un autre journaliste qui a écrit au sujet du commerce de drogue l'ont poussé à fuir le pays.

Albert Dabo, journaliste travaillant pour Reuters et pour la radio privée Bombolom Fm a été inculpé le 29 août pour diffamation, violation de secrets d’état, abus de la liberté de la presse, dénonciation calomnieuse et collusion avec des journalistes étrangers. Ceci fait suite à une plainte déposée par le chef de la marine nationale, le Contre-amiral Jose Américo Bubo Na Tchuto. Le Contre-amiral Na Tchuto a dit que M. Dabo lui a faussement attribué des propos disant que des soldats sont impliqués dans le trafic de drogue lors d’une interview accordée à ITN News, une télévision britannique au cours de laquelle Dabo a servi d’interprète. Et selon Dabo, aucun des organes où il travaille n’a publié cette information.

La FIJ estime que les charges contre M. Dabo sont totalement infondées et craint qu'il ne bénéficie pas d’un procès juste.

La FIJ vous prie d’appeler le Contre-amiral Na Tchuto à retirer ses charges contre Dabo et à arrêter les menaces militaires contre M. Dabo, qui reçoit des menaces de mort depuis juin. En raison de la gravité de ces menaces M. Dabo a été forcé d’entrer brièvement dans la clandestinité.

Allen Yero Emballo, correspondant de Radio France Internationale (RFI) et de l'Agence France-Presse (AFP) a quitté la Guinée-Bissau il y a un mois par peur pour sa sécurité après que son domicile a été cambriolé et qu’il a été menacé. M. Emballo a trouvé sa résidence cambriolée quand il revenait d’un reportage dans l’archipel des Bijagos au sud de la capitale. Il s’y est rendu pour enquêter sur des paquets supposés contenir de la drogue qui y avaient été parachutés.

En protégeant et en soutenant les journalistes qui assurent la couverture du commerce illégal de stupéfiants dans votre pays, vous favoriserez la liberté de la presse et le public comprendra que le gouvernement ne soutient pas le trafic de drogue.

Nous attendons avec intérêt votre réponse.

Bien à vous,

Gabriel Baglo,
Directeur du Bureau Afrique de la FIJ.