La FIJ appelle à un “débat robuste” alors que l’affaire des caricatures danoises conduit à un licenciement

Le rôle des medias dans la promotion d’une meilleure compréhension entre les cultures nécessite un dialogue « robuste et franc » entre journalistes et professionnels des médias, a déclaré la Fédération internationale des médias aujourd’hui suite aux débats sur les caricatures danoises qui ont provoqué une vague d’indignation dans le monde musulman.

La FIJ appelle les médias de toutes parts à éviter des actions qui pourraient provoquer des tensions entre communautés ou à l’étranger.

La FIJ a également exprimé ses préoccupations suite au limogeage du directeur de la publication de France Soir, Jacques Lefranc, pour avoir publié une nouvelle caricature et pour avoir reproduit les caricatures danoises. « Ce limogeage envoie un signal dangereux pour la pression sur le journalisme indépendant », a déclaré la FIJ. Cette dernière estime également que les gouvernements arabes qui appellent à des actions politiques à l’encontre des médias sont coupables d’ingérence malvenue dans le travail des journalistes.

La FIJ envisage de relancer cette année Groupe de travail international des médias contre le racisme et la xénophobie (IMRAX). Elle a déclaré que la controverse portant sur une série de caricatures commandées et publiées par le journal danois Jyllands-Posten, présentant des images du prophète Mahomet qui sont profondément choquantes pour de nombreux musulmans, a ouvert un débat entre professionnels sur les questions de la liberté d’expression et des sensibilités culturelles.

“Il s’agit d’une période dangereuse pour les relations communautaires et les médias ont le devoir d’agir avec un esprit de responsabilité ; ils ne doivent cependant pas compromettre des principes fondamentaux en agissant ainsi » a déclaré Aidan White, Secrétaire général de la FIJ, lors d’une visite à Doha à l’occasion d’un forum international sur les médias organisé par la chaîne satellite arabe Al-Jazeera.

Aidan White a déclaré que la couverture très large du sujet dans le monde arabe n’a pas pris à sa juste mesure l’importance de la liberté d’expression, même si les médias avaient raison d’attirer l’attention sur l’offense causée par le journal. Depuis que ce débat est ouvert, d’autres journaux européens ont relancé la controverse en réimprimant les caricatures.

“Cette affaire montre qu’il y a deux visions distinctes de la liberté de la presse, basées sur des traditions différentes. Nous devons respecter ces différents points de vue sans compromettre les principes cardinaux du journalisme”, a également dit M. White. “Plus particulièrement, les interventions politiques sont inacceptables. C’est un problème éthique qui doit être discuté, débattu et résolu par les journalistes. Les gouvernements devraient rester hors des salles de rédaction et arrêter d’intervenir.”

Selon M. White, cette controverse sur les caricatures a révélé un gouffre d’incompréhension qui doit être comblé par un processus de prise de conscience qui permettrait aux journalistes du monde musulman et à leurs collègues d’autres traditions religieuses et culturelles de tirer les leçons des récents évènements.

“Cette querelle couve depuis des mois et on augmente maintenant la température d’une manière qui n’aide personne”, a dit M. White. “Il est temps de débattre des différends exposés sans animosité.”

En 2004, le Congrès de la FIJ en Grèce a demandé que IMRAX soit relancé à la lumière des inquiétudes générées par la croissance du racisme et de l’intolérance dans de nombreux pays, phénomènes fortement renforcés par la peur du terrorisme et l’anxiété du public quant aux politiques d’immigration et d’asile.

Pour exprimer votre opinion sur ce débat, lisez le blog de la FIJ et envoyez vos commentaires: http://www.ifj.org/Blog-fr.asp

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