L’état d’urgence et le couvre-feu en France risquent de menacer la liberté de la presse, selon la FIJ

La Fédération internationale des journalistes a averti aujourd’hui que l’imposition par la France de l’état d’urgence pour 12 jours et d’un couvre-feu nocturne afin de réduire la violence urbaine dans les cités risque de conduire à des restrictions dans la couverture par la presse des troubles qui secouent le pays.

«Ces mesures draconiennes vont saper le travail des journalistes et aggraver des conditions de reportages déjà difficiles », a dit Aidan White, Secrétaire général de la FIJ.

Le Syndicat national des journalistes, adhérent français de la FIJ, a également exprimé ses préoccupations après l’annonce par le gouvernement français de l’entrée en vigueur des dispositions prévues par la loi sur l’état d’urgence de 1955 adoptée alors que la France cherchait à réprimer les violences accompagnant la lutte pour l’indépendance de l’Algérie.

Les journalistes craignent que des interprétations locales de pouvoirs de police étendus et des restrictions à la liberté de mouvement des journalistes vident de leur sens les engagements du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy selon lequel le gouvernement n’invoquera pas les dispositions de cette loi pour contrôler la presse ou les médias audiovisuels.

« Ce sont des pouvoirs considérables qui risquent de limiter la liberté d’expression et qui compliqueront le travail des journalistes », a déclaré M. White. « La crise en France ne va pas être résolue par des mesures restreignant l’accès des médias aux zones de troubles. Cela ne fera que créer une atmosphère d’ignorance et d’incertitude ».

La FIJ est aussi préoccupée par la sécurité des journalistes qui rendent compte de la situation dans les zones où se produisent les émeutes dans la mesure où plusieurs travailleurs des médias, notamment des journalistes russes et italiens, ont été blessés et que du matériel a été volé. Le couvre-feu n’aide ni les journalistes locaux, ni les correspondants étrangers à travailler dans un environnement sûr, selon la FIJ.

Pour la FIJ, les émeutes en France, qui ont mis en évidence le profond ressentiment des habitants des cités défavorisées, parmi lesquels nombre de personnes originaires d’Afrique du Nord, ajoute aux craintes de tensions raciales ou ethniques accrues dans plusieurs pays européens.

« Les émeutes en France, les troubles récents en Angleterre, et la résurgence du racisme dans plusieurs régions d’Europe représentent un énorme défi pour les journalistes », a dit White. « Les médias et les journalistes doivent fournir une couverture qui n’avive pas les divisions mais qui replace les événements de façon intelligente dans leur contexte. Les mesures prises par le gouvernement français ne vont pas leur faciliter la tâche .»

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