Accès à l'information : les gouvernements doivent respecter le droit de savoir, déclare la FIJ

À l'occasion de la Journée internationale de l'accès universel à l'information, célébrée le 28 septembre, la FIJ appelle les gouvernements du monde entier à cesser d'empêcher les journalistes de remplir leurs obligations professionnelles et à s'engager à garantir l'accès universel à l'information, y compris le droit des citoyens à rechercher, recevoir et diffuser l'information.

Crédit: FIJ.

L'accès universel à l'information fait partie intégrante du droit à la liberté d'expression. Inscrit à l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH), il comprend le droit de rechercher, de recevoir et de répandre des informations par quelque moyen que ce soit et sans considération des frontières. 

La liberté d'information est le droit de tous les citoyens de savoir quelles données ont été créées et stockées, en leur nom et à leurs frais. Elle est essentielle à un journalisme de qualité et à la responsabilisation des pouvoirs. Il s'agit d'un mécanisme essentiel pour aider les journalistes à rassembler les faits et les données nécessaires pour informer les citoyens, contribuer au débat public et demander des comptes aux gouvernements. Elle permet aux citoyens de prendre des décisions en connaissance de cause et aux organisations de la société civile de jouer efficacement leur rôle d'observateurs. 

Partout dans le monde, les détenteurs du pouvoir imposent des fermetures d'Internet, des restrictions sur les réseaux sociaux, des fermetures d’entreprises de presse, une censure pure et simple, interdisant aux journalistes d'assister à des conférences de presse, leur refusant l'accès à l'information publique et les empêchant de rendre compte des manifestations et des rassemblements politiques.

Afrique

Plus de 22 pays africains ont signé des lois sur l'accès à l'information depuis 2017, rappelle la FIJ. Cependant, le manque de volonté politique fait de leur mise en œuvre un défi. Les gouvernements restreignent l'accès des médias à l'information en adoptant des "lois sur le secret" et en inculpant les journalistes d'investigation avec des allégations vagues telles que la "diffusion de fausses nouvelles" ou le "trouble à l'ordre public". Les récentes élections au Zimbabwe et au Gabon ont été marquées par des coupures d'Internet et la suspension de la radiodiffusion, ainsi que par le refus d'accréditer les journalistes locaux et de délivrer des visas d'entrée aux reporters internationaux, dans le but d'entraver la couverture des événements.

Monde Arabe et Moyen-Orient

Dans le Monde Arabe et au Moyen-Orient, les autorités continuent de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour restreindre la libre circulation de l'information pour les citoyens et les médias. Seuls trois pays ont adopté et mis en œuvre des lois sur l'accès à l'information (Jordanie, Maroc et Tunisie), mais tous les trois sont engagés dans des pratiques qui restreignent le droit à l'information et la capacité des journalistes et des médias à rendre compte des questions d'intérêt public. La fermeture d'Internet est une pratique courante utilisée pour empêcher l'information de circuler, faire taire les critiques des autorités ou contrôler la liberté de réunion. En Iran, plusieurs fermetures d'Internet et blocages de réseaux sociaux ont été signalés à la suite de l'éclatement de manifestations nationales en septembre 2022. Au Soudan, l'accès à l’internet a été bloqué par les autorités lorsque le conflit s'est aggravé en avril 2023 ; le même phénomène s'est produit en Libye à la suite des inondations dévastatrices de septembre 2023.

Asie-Pacifique

Pour les journalistes et les professionnels des médias opérant dans la région Asie-Pacifique, l'interférence persistante des autorités constitue de facto un obstacle important à l'accès à l'information. Au Bhoutan, les fonctionnaires n'ont pas été en mesure de partager des informations d'intérêt public par crainte de représailles légales depuis 2022. À Hong Kong, les journalistes peuvent se voir interdire l'accès aux conférences de presse s'ils sont considérés comme critiques dans leur couverture des événements. 

En Afghanistan, les restrictions limitent non seulement la capacité de groupes entiers de personnes à informer, mais veillent également à ce que la couverture soit conforme aux obligations sociales et religieuses définies par les talibans. Au Myanmar, la junte militaire impose un régime de peur et de violence depuis février 2021, contraignant tous les médias indépendants à la clandestinité, criminalisant le journalisme légitime et garantissant l'existence de médias d'État.

Europe

En Europe, le droit d'accès à l'information est établi et reconnu depuis longtemps. Néanmoins, dans de nombreux pays, il est restreint en raison d'une mise en œuvre déficiente. La Fédération européenne des journalistes (FEJ) a salué l'Acte européen pour la liberté des médias (AEM) de la Commission européenne, mais a appelé à son renforcement pour garantir le pluralisme des médias, protéger les droits des journalistes et assurer l'indépendance éditoriale. Pendant ce temps, les partis politiques continuent de prendre les journalistes pour cible sur les réseaux sociaux et refusent la participation des travailleurs des médias à certains rassemblements politiques en Allemagne, en Espagne et en Bulgarie, notamment. Un nombre inquiétant de journalistes ont été arrêtés pour avoir rendu compte de manifestations en faveur du climat, rappelle la FEJ ; tandis que les pressions exercées par le gouvernement d'extrême-droite en Italieont conduit à la démission du directeur de la Rai, la radio-télévision publique italienne.

Amérique Latine 

En Amérique latine, la situation au Salvador a suscité de nombreuses inquiétudes. L'état d'urgence, instauré le 27 mars 2022 et qui dure depuis plus d'un an, a limité de nombreuses libertés constitutionnelles et a eu un impact sévère sur la liberté d'expression, y compris sur le droit à l'accès à l'information. Au Pérou, plusieurs cas d’entrave au travail des médias par les forces de sécurité ont été recensés alors qu’ils couvraient la crise politique et sociale qui frappe le pays depuis décembre 2022. Le gouvernement a également tenté de promouvoir des lois qui criminalisent l'activité journalistique, sans succès, grâce à la pression sociale. En Colombie, les menaces et le harcèlement à l'encontre des journalistes d'investigation se sont multipliés ces derniers mois, poussant certains d'entre eux à fuir le pays.

"Certains hommes politiques ont pris la dangereuse habitude de refuser de répondre aux questions de la presse. D'autres refusent l'accréditation des journalistes, voire les arrêtent, pour faire taire leurs critiques. Les gouvernements doivent s'engager à garantir l'accès des journalistes à l'information et les organismes internationaux doivent faire davantage pour s'assurer que les personnes au pouvoir qui enfreignent ce droit ne restent pas impunies", a déclaré Dominique Pradalié, Présidente de la FIJ.

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