Le renforcement des stratégies d'égalité des genres dans les médias est l'affaire de tous

[Translate to French:] caption: Maria Angeles Samperio at IFJ congress in Tunis, June 2019. Photo: Frédéric Moreau de Bellaing

Les temps difficiles que le monde traverse en raison de la pandémie provoquée par COVID-19 ont profondément affecté les journalistes. Du Nigeria à l'Indonésie, de l'Espagne au Pérou, ils ont dû changer leur façon de travailler, troquant leur salle de rédaction pour leur propre maison et, dans de nombreux cas, partant en reportage avec un minimum de protection.  

Quelles ont été les conséquences de cette pandémie sur les femmes journalistes ? Le Conseil pour l'égalité des genres de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a voulu savoir connaître leur situation et les résultats de l'enquête que nous publions aujourd'hui confirment ce que nous suspections déjà : le stress lié au travail à domicile a augmenté et leur santé s'en est trouvée affectée.

La conciliation de la vie privée et professionnelle, la perte de responsabilités et de salaire et le changement des sujets à couvrir ont été identifiés comme les principales sources des inégalités dans le journalisme, la seule bonne nouvelle étant que les cas de harcèlement n'ont pas augmenté depuis le début de l'épidémie de COVID-19.

L'un des effets les plus néfastes de cette pandémie est que les femmes journalistes ne se sont pas senties proches de leurs syndicats et organisations, une majorité d'entre elles affirmant que leurs syndicats n'ont pas abordé la question de l'égalité des sexes dans leurs stratégies COVID-19.

Ces constats doivent encourager les syndicats de journalistes et leur fédération internationale, la FIJ, à renforcer leurs stratégies en matière d'égalité des sexes et, par conséquent, à multiplier les actions pour éviter une situation où les femmes journalistes se sentent impuissantes.

Au cours des dernières semaines, j'ai entendu des femmes leaders de différents secteurs s'exprimer lors de séminaires virtuels et faisant état  de ce sentiment d'impuissance accrue en cette période de pandémie. Elles ont réitéré leur décision de continuer à lutter pour l'égalité et ont demandé à toutes les organisations mondiales de ne pas abandonner les stratégies de genre.

Je suis préoccupée par le fait que cette crise sanitaire, qui a un impact important sur l'économie, réduit les progrès en matière d'égalité entre les hommes et les femmes au travail et dans la société. Dans le cas des journalistes, elle est particulièrement pertinente car elle peut aussi influencer la demande de voir les femmes davantage dans les médias, où elles sont davantage commentées que présentées comme des leaders pertinentes des différentes sphères sociales.

Nous ne pouvons pas revenir en arrière dans la stratégie de genre. Malgré le défi que représente cette crise dans les domaines économique et social, la lutte pour l'égalité doit faire partie du quotidien des organisations de journalistes. Elle doit être une tâche non seulement pour les femmes mais aussi pour les hommes.

En tant que professionnels des médias, nous avons la responsabilité de dépeindre nos sociétés de la manière la plus impartiale possible. Cela peut se faire à condition que nous comprenions les défis que représente le fait de traiter les femmes et les hommes de manière égale. La stratégie de genre est l'affaire de tous et doit être présente dans les salles de rédaction, dans la relation avec les sources d'information, entre collègues et, bien sûr, sur les réseaux sociaux. L'enquête d'aujourd'hui nous encourage à poursuivre cette bataille que nous pouvons gagner si nous nous impliquons tous et toutes.

Maria Angeles Samperio
Présidente du Conseil du genre de la Fédération internationale des journalistes