RDC: des journalistes étrangers expulsés du pays !

A client surfing the internet at an internet cafe on in Kinshasa on February 25, 2015. RDC FEDERICO SCOPPA/AFP

Depuis le dimanche 18 décembre, les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) ont coupé tous les réseaux sociaux dans le pays et expulsé des journalistes étrangers vendredi dernier, notamment une équipe belge. La Fédération internationale des journalistes (FIJ), première organisation mondiale de journalistes, condamne ces atteintes à la liberté d’information (MAJ 19/12/16).

En janvier 2015, à la suite de violentes émeutes contre le pouvoir en République démocratique du Congo (RDC), les autorités avaient décidé de couper brutalement Internet pendant 48 heures, décision qui avait paralysé totalement l’économie nationale. Les réseaux sociaux étaient alors restés muets pendant plusieurs semaines.

A 48 heures de la fin du second (et dernier) mandat présidentiel de Joseph Kabila, les autorités récidivent et demandent la coupure pure et simple de tous les réseaux sociaux, à partir du dimanche 18 décembre 2016, à 23h 59.

"La République démocratique du Congo est à la veille d'événements graves, qui vont requérir de tous les acteurs de la vie publique qu'ils conservent leur sang-froid," explique Philippe Leruth, le président de la FIJ, organisation représentant 600.000 journalistes dans 140 pays du monde.

"Loin d'être de nature à calmer les tensions, le blocage, même momentané, de tous les réseaux sociaux, ainsi que l'interruption vraisemblable de certaines chaînes de radio et de télévision, comme cela vient d'être le cas pour TV5 Monde et, dans un passé récent, pour Radio Okapi et Radio France Internationale, risque de laisser le champ libre à des rumeurs incontrôlées, de nature à aggraver la situation. La liberté de la presse est un élément essentiel de la démocratie: elle garantit aux citoyens l'accès à une information diverse, diffusée par des journalistes responsables. Particulièrement en période de crise, son rôle est crucial: elle permet aux différents courants de l'opinion de s'exprimer. La Fédération internationale des journalistes presse les autorités congolaises de lever immédiatement ces mesures de censure; et elle insiste pour qu'elles respectent la liberté de travail et assurent la sécurité des journalistes professionnels, qui vont être amenés à couvrir l'actualité des prochains jours en République démocratique du Congo," ajoute-t-il.

Dans l’obscurantisme

De son côté, Stanis Nkundiye, le Secrétaire général du Syndicat national des professionnels de la presse (SNPP), affilié de la FIJ, également membre du Conseil exécutif de l'OMEC, l'Observatoire des médias congolais, s’inquiète pour la liberté des médias dans son pays.

"En réalité, la majorité des réseaux sociaux sont déjà bloqués, constate-t-il ce vendredi 16 décembre. Ici à Kinshasa, nous dénonçons cette énième restriction de la liberté d'expression en général et la liberté de la presse en particulier. Car les médias en ligne qui venaient à peine de s'organiser voient leur programme d'évolution battu en brèche. Le comble, c'est que cette mesure ne donne aucun délai, signifiant qu'elle pourra être prolongée à souhait ! Pendant tous ces jours, aucune image, aucune vidéo, aucun son ne sera échangé sur toute l'étendue du territoire. Cette décision replongera malheureusement plus de 70 millions d'habitants dans l'obscurantisme, ce qui est inacceptable. 

Enfin, des journalistes étrangers - notamment des collègues belges - ont été expulsés de la République démocratique du Congo, vendredi 16 décembre. "C'est une dérive totalitaire et dangereuse que d'expulser des journalistes pourtant en ordre avec la législation nationale et internationale au seul motif qu'ils sont indésirables par le régime finissant de Joseph Kabila", ajoute le Secrétaire général congolais. 

L'AGJPB, l'affilié belge de la FIJ, a envoyé une lettre ouverte à l'ambassadeur de RDC en Belgique et au Ministre belge des Affaires Etrangères condamnant l'expulsion et demandant une " réaction instantanée et ferme " de leur part.


Pour de plus amples informations, veuillez contacter la FIJ au + 32 2 235 22 16

La FIJ représente plus de 600 000 journalistes dans 140 pays

Retrouvez la FIJ sur Twitter et Facebook

Abonnez-vous aux infos de la FIJ