France: Une journaliste accusée d'injure publique

Jeudi 19 janvier, la journaliste Maria Malagardis, grand reporter pour le journal Libération, autrice de "Sur la piste des tueurs rwandais", sera jugée au tribunal correctionnel de Paris pour "injure publique" à l'encontre d'Aloys Ntiwiragabo, ancien chef du renseignement militaire au Rwanda. Aux côté de ses affiliés, la FIJ exprime son soutien à la journaliste.

JULIEN DE ROSA / AFP

L'affaire remonte à l'été 2020, quand le média en ligne Mediapart publie une enquête intitulée "Aloys Ntiwiragabo, pilier présumé du génocide des Tutsis, se terre en France".  L'enquête, signée par le reporter Théo Englebert, établit la présence de l'ancien militaire rwandais dans la région d'Orléans. Militaire rwandais de haut rang au moment des massacres, en 1994, Ntiwiragabo a longtemps été recherché par les magistrats du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR). L'homme, qui était introuvable depuis plus de vingt ans, a également fait l'objet en France d'une enquête préliminaire pour "crimes contre l'humanité".

Maria Malagardis, qui écrit sur le génocide rwandais depuis près de trente ans, et dont l'expertise et le sérieux sont reconnus par ses pairs, relaie alors l'article sur les réseaux sociaux en commentant ainsi : "Un nazi africain en France ? Quelqu'un va réagir ?".
Utiliser le mot "nazi" pour évoquer les massacres perpétrés au Rwanda n'est pas une nouveauté : plusieurs historiens ont d'ailleurs fait ce choix, dès les années 1990.

Peu après la publication de l'enquête de Médiapart, Aloys Ntiwiragabo, qui a passé une grande partie de sa vie à échapper à la justice, choisit alors de porter plainte contre Théo Englebert et Maria Malagardis (dans deux procédures distinctes).

Des attaques devant les tribunaux que Théo Englebert, l'auteur de l'enquête de Mediapart, avait commenté ainsi en 2021: « Ce sont des personnes qui vivent tranquillement dans l'Hexagone, qui n'ont jamais été rattrapées par leur passé. Alors forcément, le travail des journalistes les dérange ».

Le Syndicat National des Journalistes (SNJ) a déclaré: "Ces assignations en justice sont lancées pour intimider les journalistes, et pour entraver le travail de celles et ceux qui enquêtent sur le génocide rwandais."

La FIJ se joint au SNJ pour affirmer son soutien à Maria Malagardis, à Théo Englebert et aux journalistes qui exercent leur mission d'information.

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