France : nouvelle vague d'intimidation envers la presse

Quelques jours après avoir entendu trois journalistes au sujet d’une enquête sur l’utilisation d’armes françaises au Yémen, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a convoqué deux autres journalistes, Ariane Chemin et Michel Despratx, dans le cadre de procédures différenciées. Les Fédérations internationale et européenne des journalistes (FIJ/FEJ) et leurs affiliés (SNJ, SNJ-CGT, CFDT) réitèrent leur ferme condamnation de ces "intimidations récurrentes".

Eric Feferberg/AFP

Journaliste pour le site d’investigation Disclose, Michel Despratx est convoqué par la DGSI le 28 mai dans le cadre d’une enquête pour « compromission du secret de la défense nationale » suite à la publication d’une note confidentielle sur l’utilisation d’armes françaises dans la guerre au Yémen. C’est à ce propos aussi que des journalistes de Disclose et de Radio France ont été auditionnés les 14 et 15 mai.

Michel Despratx sera entendu en tant que témoin. De ce fait, il ne pourra pas être assisté par un avocat. Sur Twitter, Disclose a dénoncé « une nouvelle tentative du parquet de Paris de contourner la loi de 1881 sur la liberté de la presse et la protection des sources ».

Journaliste au Monde, Ariane Chemin sera entendue le 29 mai à propos de ses articles sur les affaires Alexandre Benalla (ancien membre du service de sécurité d’Emmanuel Macron) , qui ont significativement affecté le pouvoir. Selon les informations du Monde, l’enquête porte notamment sur des révélations relatives à Chokri Wakrim, compagnon de l’ex-cheffe de sécurité du Premier ministre.

« La DGSI va-t-elle se mettre à convoquer tous les journalistes qui révèlent des informations qui ne plaisent pas au pouvoir en place ?, s’est inquiété le SNJ. "La DGSI sait-elle qu’il existe dans la loi de 1881 sur la liberté de la presse, un principe sacré : la protection du secret des sources des journalistes sans laquelle il n’y a pas d’information de qualité ? »

Le SNJ-CGT a appelé à manifester le 29 mai en soutien à Ariane Chemin et « contre la multiplication des procédures, intimidations, et agressions contre les journalistes ». Il a dénoncé « un nouveau coup de canif insupportable contre le journalisme et la liberté d’informer ».

La CFDT-Journalistes a mis en cause « une procédure dont le but inavoué est de faire taire les journalistes dans l'exercice de leur mission d'informer, pourtant garantie par la Charte du Conseil de l'Europe et la loi française du 4 janvier 2010, intégrée dans la loi de 1881 sur la liberté de la presse ».

Le secrétaire général de la FIJ Anthony Bellanger a déclaré : « Nous condamnons fermement les intimidations récurrentes à l’encontre de journalistes qui révèlent des informations d’intérêt public. La liberté de la presse est un bien précieux et elle est en danger quand le pouvoir entreprend de faire taire la critique. Nous appelons la DGSI à cesser ces convocations qui constituent des atteintes à la liberté de la presse. »

Le secrétaire général de la FEJ Ricardo Gutierrez a déclaré : « Ces convocations sont ahurissantes. De telles tentatives de violer le secret des sources journalistiques sont en contradiction totale avec les standards juridiques internationaux que la France s'est engagée à respecter. Nous appelons les autorités publiques françaises à revenir à la raison et à présenter leurs excuses pour ces dérapages intolérables en démocratie. »

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