Burundi : 15 ans de prison requis contre les quatre journalistes et leur chauffeur!

Le réquisitoire du Tribunal de grande instance de Bubanza au Burundi dépasse l'entendement : 15 ans de prison ont été requis lundi 30 décembre à l'encontre des quatre journalistes et de leur chauffeur, arrêtés le 22 octobre, alors qu'ils étaient en reportage. La FIJ, première organisation mondiale de la profession, exige de nouveau leur libération immédiate.

Quatre journalistes des médias indépendants du Burundi Iwacu Press Group: (de gauche à droite): Agnes Ndirubusa, Christine Kamikazi, Terence Mpozenzi, Egide Harerimana et le chauffeur Adolphe Masabarakiza. Credit: Tchandru Nitanga / AFP

Une vraie douche froide s'est abattu sur le Burundi lundi 30 décembre. Après 70 jours de prison, Christine Kamikazi, Agnès Ndirubusa, Térence Mpozenzi et Egide Harerimana, quatre journalistes d'une équipe de reporters du média Iwacu, et Adolphe Masabarakiza, leur chauffeur, ont entendu avec effarement le réquisitoire du ministère public, requérant 15 ans de prison pour «complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat». 

Le 22 octobre, l'équipe du média burundais allait couvrir des affrontements entre les forces gouvernementales et un groupe d'hommes armés en provenance de la République Démocratique du Congo qui se dirigeaient vers la forêt de la Kibira au nord-ouest du Burundi, frontalière avec le Rwanda. Les journalistes avaient, en amont, informé les autorités de leur intention de se rendre sur ces lieux. Depuis, les cinq salariés d'Iwacu sont retenus à la prison de Bubanza, au Nord de Bujumbura, la capitale. [Le rappel des faits : ICI]

Et puisque 15 ans de prison ne suffisaient pas, le substitut du procureur de Bubanza, qui appuie son argumentaire sur le contenu de la messagerie privée d'une des journalistes, a demandé que les quatre journalistes et leur chauffeur perdent leurs droits civiques et propose que soit saisi tout leur matériel (véhicule, appareil photo, cartes nationales d'identité..).

Anthony Bellanger, Secrétaire général de la FIJ, a déclaré : "Après une instruction inique et un réquisitoire qui dépasse l'entendement, la FIJ a pu constater ces dernières semaines le silence incompréhensible des grandes diplomaties de ce monde. En tant que fédération mondiale professionnelle et représentative, la FIJ rappelle que cette équipe d'Iwacu n'avait que l'intention de remplir son devoir d'informer en se rendant dans le Nord-Ouest du pays. La justice burundaise veut faire taire aujourd'hui les messagers, mais elle ne pourra rien contre la manifestation de la vérité. La FIJ soutient plus que jamais aujourd'hui ces quatre journalistes, leur chauffeur et leur famille, ainsi que l'ensemble de la rédaction d'Iwacu.

L'affiliée de la FIJ, l'Union burundaise des journalistes (UBJ), a souligné de son côté : "Nous condamnons vigoureusement l'instrumentalisation de la justice pour maintenir nos camarades en prison. Ils n'ont commis aucun crime !  Car le journalisme n'est pas un crime!

Le jugement du Tribunal de grande instance de Bubanza est attendu fin janvier.

 

 

 

 

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