De graves atteintes à la liberté de la presse au Burundi

Crédit photo: Phil Moore / AFP

La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), première organisation mondiale de journalistes (600.000 membres), a interpellé ce 26 octobre le gouvernement du Président Pierre Nkurunziza sur les atteintes à la liberté de la presse et à la liberté d’association qui s’aggravent de jour en jour au Burundi. Notre affiliée, l’Union burundaise des journalistes (UBJ), a été suspendue "pour perturbation à l’ordre public" !

Dans une décision publiée le 24 octobre 2016, le gouvernement du Burundi a suspendu, entre autres, l’Union burundaise des journalistes (UBJ), l’affiliée de la FIJ, sur le prétexte que "les activités de ces associations ne sont pas en conformité avec leurs objectifs consignés dans leurs statuts mais sont plutôt de nature à perturber l’ordre et la sûreté de l’Etat".

 

Pour ces mêmes motifs, cinq autres organisations de la société civile avaient  également été radiées le 19 octobre.

 

« Nous demandons au Président Pierre Nkurunziza d’ordonner la fin du harcèlement des journalistes travaillant dans le pays », a déclaré Philippe Leruth, président de la FIJ.

 

Par ailleurs, deux journalistes qui prenaient des photos à Bujumbura ont été arrêtés dimanche dernier : Gildas Yihundimpundu, burundais, et Julia Steers, américaine. La journaliste américaine a été immédiatement relâchée, mais Gildas Yihudimpundu et leur chauffeur ont été placés en garde à vue par le service national des renseignement (SNR) avant d’être libérés lundi dernier. Gildas Yihundimpundu est tenu de s'inscrire auprès du Conseil national de la communication (CNC), l’organe chargé de la régulation des médias, avant d’être autorisé à travailler comme journaliste.

 

Une réforme de la loi régissant la presse a été annoncée lundi par le CNC qui a déjà pris des mesures contre certains médias. Une émission de la radio Isanganiro a été suspendue pour un mois et la Radio 10 a été mise en demeure, tout comme la radio Buja FM. En 2013, les journalistes s’étaient mobilisés contre cette loi sur la presse jugée liberticide et ont obtenu gain de cause devant la cour régionale d’Afrique de l’Est.

 

Mais depuis 2015, la crise politique qui secoue le pays - depuis la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat à la tête du pays - a contraint plusieurs journalistes des médias qui ont été attaqués et fermés à entrer dans la clandestinité ou en exil. Plus de 100 journalistes se sont ainsi réfugiés au Rwanda voisin, dans des pays de la région et en Europe.

 

« La suspension de l’UBJ par le gouvernement n’est ni plus ni moins une atteinte à la liberté de la presse et d'association, se désole le président de l’Union burundaise des journalistes (UBJ), Alexandre Niyungeko. Nous sommes en contact avec nos avocats pour examiner la suite à donner à la mesure. La situation s’aggrave de jour en jour pour les journalistes burundais en exil, mais aussi pour ceux qui sont restés au pays. Leurs organes de presse ont été détruits, et ils sont interdits d’aller sur terrain et se font continuellement harcelés et arrêtés».

 

La FIJ soutient les journalistes burundais en lutte et demande à toutes les organisations des médias et des droits de l’homme de les assister en ces moments compliqués pour la liberté de la presse.


Pour de plus amples informations, veuillez contacter la FIJ au + 32 2 235 22 16

La FIJ représente plus de 600 000 journalistes dans 140 pays

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