Burundi : le directeur de la Radio publique africaine emprisonné

Bujumbura, 21 janvier 2015). La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) et son syndicat burundais, l’Union burundaise des journalistes (UBJ), condamnent énergiquement l’emprisonnement arbitraire de Bob Rugurika, directeur de la Radio Publique Africaine (RPA). Le journaliste est sous les verrous depuis hier mardi 20 janvier 2015. Une série de charges pèsent sur ce professionnel depuis que son média, la RPA, diffuse une série de reportages sur les auteurs des meurtres des Sœurs italiennes de la paroisse Kamenge à Bujumbura. Un témoin aurait affirmé avoir activement participé à ce carnage et a révélé les complices et commanditaires qui se recruteraient parmi les hauts gradés de la Police nationale du Burundi, dont l’ancien patron des renseignements burundais aujourd’hui éloigné de ce secteur. Visiblement gêné par ce déballage qui vient de mettre au grand jour qu’il s’agit d’un crime d’Etat, le pouvoir ne trouve d’autre voie que de tenter de faire taire les médias. La FIJ condamne vivement « cette pratique digne des dictatures ».  Pour Gabriel Baglo, directeur du bureau de la FIJ en Afrique, « le gouvernement burundais doit se rendre à l’évidence que le temps de faire taire les médias est révolu. La liberté de la presse et la liberté d’expression sont les véritables garants de la démocratie et toute entrave à l’indépendance de la presse sape les piliers de la bonne gouvernance et de l’état de droit au Burundi. J’invite plutôt les autorités burundaises à mener des enquêtes aussi sérieuses que fouillées pour débusquer et traduire en justice les meurtriers des Sœurs italiennes», les investigations menées par les médias et la RPA pouvant être une des pistes de travail. « Nous trouvons inacceptable qu’un pouvoir s’évertue à mettre en prison les journalistes pour la simple raison qu’ils poursuivent la piste de la vérité, alors que les criminels présumés sont libres , voire tirent les ficelles d’une justice en manque d’indépendance », a ajouté M. Baglo, avant d’exiger la « libération immédiate et sans conditions du directeur de la Radio Publique Africaine ». Enfin, la FIJ tient le gouvernement burundais pour « seul responsable de l’intégrité physique du journaliste incarcéré et de sa sécurité en prison », au lendemain de l’emprisonnement de notre confrère Bob Rugurika. Même son cloche chez le Syndicat Burundais des Journalistes, UBJ. Son président, Alexandre Niyungeko trouve que le Burundi « traverse une turbulence politique où un pouvoir musèle la presse indépendante alors qu’elle contribue à débusquer les criminels », estime Alexandre Niyungeko, président de l’UBJ.