Le 26 avril dernier, l’unité d’enquête judiciaire de Zaghouan, au nord de la Tunisie, a convoqué le président de la Haute Autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) ainsi que deux observateurs assermentés. Cette convocation faisait suite à une plainte pour "vol et tentative d'assassinat", déposée par un député islamiste et propriétaire de la radio « Al Quran Karim », Saïd Jaziri, après que la Haica a décidé de réquisitionner le matériel de diffusion de la radio, le 25 février 2021.
Dans un communiqué publié le 17 mars 2021, la Haica a précisé que la décision de confiscation du matériel de diffusion de la chaîne radio a été émise pour diffusion sans licence et utilisation des fréquences radioélectriques sans avoir obtenu l’accord de l’Agence nationale des fréquences.
Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) et plus d’une trentaine d’organisations et d’associations ont conjointement signé une déclaration dénonçant ces intimidations politiques dans le but de confisquer les prérogatives de la Haica, institution indépendante.
Le président du SNJT, Mohamed Yassine Jelassi, a déclaré : "Ce qui se passe avec la Haica s'inscrit dans une série de restrictions du missions des instances publiques, constitutionnelles et indépendantes dans le but de les mettre sous la tutelle des partis politiques au pouvoir. Le gouvernement souhaite mettre la main sur les organismes de médias publics via des nominations politiques ou des projets de loi."
Le Secrétaire général de la FIJ, Anthony Bellanger, a ajouté : "Ces convocations sont en réalité des intimidations inacceptables de la part d’une démocratie. J’exhorte le gouvernement tunisien a respecter l’indépendance de la Haica dont les missions ne doivent pas être entravées par des intérêts politiques."