La FIJ dénonce de nouvelles condamnations contre des journalistes algériens

La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a condamné aujourd’hui, les peines de prison prononcées mardi par la Cour d’Appel de Jijel contre deux journalistes de la presse indépendante en Algérie, pour insulte d’un représentant de l’Etat.

Omar Belhouchet, directeur du quotidien francophone El Watan et Chawki Amari, chroniqueur du même journal, ont été condamnés en deuxième instance à deux mois de prison ferme et au paiement solidaire d’une amende d’un million dinars (10 000 Euros), pour outrage au wali (préfet de département) de Jijel. La Cour confirme ainsi le verdict rendu par le tribunal de Jijel le 27 mai 2007.

« La confirmation de cette peine en appel en appel est un signe d’escalade dans le harcèlement juridique dirigé contre la profession », a déclaré Nadir Benseba, coordinateur du Centre d’Alger de la FIJ. « Les actions contre El Watan reflètent un schéma d’attaque contre les voix critiques et indépendantes qui perdure depuis 10 ans. Ce procédé systématique doit cesser si l’Algérie veut obtenir la crédibilité d’un pays démocratique où la liberté de la presse peut s’exprimer et où les journalistes peuvent librement exercer leur profession »,

Belhouchet et Amari avaient publié un article révélant des transactions frauduleuses, réalisées au plus haut niveau de la Wilaya.

« Nous sommes particulièrement préoccupés par le fait que la loi soit utilisée afin de d’empêcher un journalisme d’investigation de bonne foi, de couvrir les affaires de corruption et d’abus de pouvoir, » a déclaré Aidan White.

Les pratiques de la wilaya de Jijel ont fait par ailleurs l’objet d’articles publiés par le quotidien arabophone Echourrouk El Youmi. Le 3 mars 2008, la Cour de Jijel a ainsi condamné le correspondant de ce journal, Yasser Abdelhaï, au paiement d’une amende exorbitante de quatre millions de dinars (40 000 Euros). Le versement de la totalité de la somme avant le 15 mars 2008 lui a été signifié par voie d’huissier.

Les inquiétudes de la FIJ se manifestent après sa mission à Alger le mois dernier, afin de renforcer l’organisation des journalistes et le travail du Syndicat National des Journalistes (SNJ). La Fédération Internationale des Journalistes a pris acte des récentes déclarations du ministre de la Communication concernant la volonté du gouvernement d’amender les dispositions du code pénal prévoyant l’emprisonnement des journalistes pour délit de presse. La FIJ exhorte les autorités à retirer ces plaintes et à œuvrer au renforcement de la liberté de la presse dans le pays.

Pour plus d’informations, contactez le Centre FIJ d’Alger: +213 21 67 36 61
La FIJ représente plus de 600 000 journalistes dans 120 pays dans le monde