La FIJ lance une Plateforme mondiale pour un journalisme de qualité

A l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse du 3 mai et en pleine crise du Covid-19, la Fédération internationale des journalistes (FIJ), première organisation mondiale, professionnelle et représentative de journalistes avec plus de 600.000 membres répartis dans 146 pays, lance ce mercredi 29 avril une "Plateforme mondiale pour un journalisme de qualité". Ce document est destiné aux affiliés de la FIJ, à ses groupes régionaux et est soutenu par l'ensemble des Fédérations mondiales syndicales, représentant plusieurs centaines de millions de travailleurs. L'information ne doit jamais être confinée. L'information doit rester un bien public.

En mettant à l’arrêt plus des deux tiers de l’humanité, la crise sanitaire, économique et politique du Covid 19 aura des conséquences terribles sur l’ensemble de nos sociétés. Et nous sommes certains aujourd’hui qu’elle durera dans le temps. 

Ce « Grand Confinement », comme la définit déjà le Fonds monétaire international, en référence à la « Grande Dépression de 1929 », n’épargne aucun continent, ni aucun secteur, et les médias, qu’elle que soit la forme de presse, n’échappent pas à cette vague destructrice : de nombreuses entreprises de presse ont déjà fermé leurs portes, des millions d’emplois ont disparu et les journalistes, même si l’information de qualité est essentielle pour les citoyens en période de crise, la subissent de plein fouet. Il est temps de protéger les médias, de sauver les emplois et de soutenir les travailleurs les plus précaires.

Mais il est l’heure de préparer l’avenir, celui d’un journalisme de qualité, éthique et solidaire, respectueux du droit de travail et des libertés fondamentales.

La Fédération internationale des journalistes (FIJ), première organisation mondiale de la profession avec ses 600.000 membres répartis dans 146 pays, propose aujourd’hui un plan de relance mondial audacieux et immédiat pour sauver les médias les plus touchés et les journalistes les plus précaires ; et appelle tous les gouvernements nationaux à s’engager pour un journalisme de qualité en ces temps de désinformation grâce à des mesures politiques et économiques fortes qui assureront la survie des médias et des journalistes professionnels. De nombreux affiliés de la FIJ dans le monde ont déjà obtenu des avancées notables et des engagements fermes de la part de certains gouvernements ou de fédérations d’employeurs: 

  • Pour assurer la sécurité physique et psychologique et la protection des travailleurs des médias ; 
  • Pour permettre aux journalistes de circuler librement en période de confinement général ; 
  • Pour assurer aux journalistes et aux travailleurs des médias les moyens de vivre et de travailler de façon décente avec des aides financières exceptionnelles, malgré une baisse du volume de travail et des recettes.

Dès le début de la pandémie, les journalistes ont amplement prouvé le rôle essentiel qu'ils jouent dans l'éducation des citoyens, en contextualisant la course effrénée aux chiffres, en expliquant la réalité et, surtout, en démêlant le récit des politiciens, en posant les questions difficiles et en exposant les échecs institutionnels. Grâce à leur engagement, le journalisme, en tant que bien public, a continué à prospérer en tant que colonne vertébrale de nos démocraties. Malheureusement, dans le même temps, de trop nombreux états profitent de cette crise pour accroître leur pouvoir autoritaire, renforcer leurs systèmes de surveillance des populations ou pour emprisonner les journalistes quand certaines entreprises de presse réduisent les salaires sans négociations, suppriment des avantages acquis ou licencient.

La FIJ et ses affiliés dans le monde seront les acteurs du journalisme de demain, sur le plan mondial comme sur le plan national, et continueront de promouvoir ce journalisme de qualité, éthique et solidaire, qu’elle promeut depuis sa création, en 1926. 

La FIJ propose donc ici une « Plateforme mondiale pour un journalisme de qualité » pour sauver et protéger les emplois dans l'industrie des médias et créer un avenir qui favorise une économie de l’information durable et soutenue par le public. 

L’information doit rester un bien public.

MESURES URGENTES POUR SOUTENIR 

LES PROFESSIONNELS DES MÉDIAS

  • La FIJ enjoint tous les gouvernements d’ouvrir immédiatement des négociations avec les GAFAM - Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft - dans le but de recueillir une taxe sur les revenus générés sur leur territoire national.
    • Ces entreprises ne paient aucun impôt dans la majorité des pays où elles perçoivent des revenus, estimés à 900 milliards de dollars dans le monde.
    • Taxer ces revenus à 6% injecterait 54 milliards de dollars pour le journalisme.
    • La FIJ demande que ces fonds soient gérés de façon paritaire par les syndicats représentatifs de journalistes et des travailleurs des médias et les organisations nationales d’employeurs.
  • La FIJ demande à ces organisations de soutenir avec ces fonds prioritairement les médias de service public, les médias privés, indépendants et les médias nationaux et locaux n’appartenant pas à des multinationales. Ces médias devront en démontrer le besoin.
  • Tout plan de relance du journalisme doit être accompagné du soutien nécessaire pour revitaliser les rédactions avec du personnel formé, en mesure de fournir des informations fiables, et ne doit pas être utilisé pour aider des modèles commerciaux qui ont déjà échoué par le passé.
  • La FIJ souhaite que ces fonds servent en priorité au soutien des entreprises de presse indépendante, de type coopérative ou entreprises à but non lucratif.
  • La FIJ demande à tous les gouvernements un soutien prioritaire aux journalistes précaires (dont les free-lance) en créant une protection sociale, un salaire minimum national, en les exonérant d’impôts sur le revenu et en leur octroyant des emprunts bancaires professionnels à taux réduits
  • La FIJ souhaite que les médias de service public, les médias privés et les médias nationaux et locaux puissent bénéficier d’une fiscalité nationale allégée à condition que :
    • Le dialogue social et le droit syndical soient respectés, conformément aux conventions de l’OIT ;
    • Les licenciements soient interdits si l’entreprise dégage des bénéfices ;
    • Les comptes annuels soient publics et transparents ;
    • La diversité et l’égalité entre les femmes et les hommes soient exigées ;
    • Les entreprises ayant reçu des fonds ne puissent, pendant cinq ans, s'engager dans une activité de fusion et d'acquisition ou de rachat par endettement, qui entraînerait des suppressions d'emplois ou des réductions de salaires.

La FIJ demande aux entreprises de réserver des sièges à leur conseil d'administration aux syndicats de travailleurs ;

  • Pour renforcer l’économie des médias, la FIJ encourage la création de programmes nationaux d'achat de publicité afin de promouvoir des sujets d'intérêt national.
  • La FIJ recommande aux gouvernements qu’ils mettent en place une réforme des règles de propriété des médias, ceci afin de permettre le pluralisme de l’information.

Dans la lignée de la Directive européenne sur les lanceurs d’alerte, la FIJ appelle les gouvernements à légiférer en urgence pour la protection de ces citoyens agissant pour l’intérêt commun.

  • La FIJ estime nécessaire que les distributeurs de presse indépendants, qui participent à la diffusion des médias imprimés, soient soutenus par des exonérations fiscales.
  • La FIJ demande aux gouvernements de renforcer son programme sur les droits d'auteur des journalistes, dans le but d'augmenter leurs revenus.
  • La FIJ encourage les gouvernements à financer des abonnements numériques gratuits pour les plus jeunes (6-18 ans) dans le cadre de l’accès à l’éducation et à l’information, ceci en lien avec les engagements de l’Unesco, et propose que les familles ayant un abonnement à un média obtiennent des crédits d’impôt.
  • La FIJ appelle au déploiement d'initiatives d'éducation aux médias à l'échelle nationale pour lutter contre la désinformation et les fausses nouvelles.

EN CONCLUSION,

  • La FIJ propose aux fédérations mondiales d’employeurs de soutenir cette Plateforme mondiale pour un journalisme de qualité et de demander à leurs membres nationaux de l’appliquer.
  • En tant que membre associée, la FIJ demande enfin le soutien formel des Nations Unies et de ses agences (Unesco, OIT, OHCHR) ainsi que celui des entités politiques et économiques régionales pour que soit suivie cette Plateforme mondiale pour un journalisme de qualité : 
    • les 47 membres du Conseil de l’Europe ; 
    • les 55 pays de l’Union africaine ; 
    • les 35 états de l’Organisation des états américains ; 
    • les 22 pays de la Ligue arabe ; 
    • les 21 membres de l’Asia-Pacific Economic Cooperation.

La FIJ a reçu le soutien des Fédérations mondiales de syndicats

ITUC/CSI : International Trade Union Confederation – 200 millions de membres / UNI-Global – 20 millions / PSI : Public Services International – 20 millions / IndustriALL – 50 millions / EI : Education International – 20 millions / BWI : Building and Wood Worker’s International – 12 millions / IUF : International Union of Food, Agricultural, Hotel, Restaurant, Catering, Tobacco and Allied Workers' Associations – 12 millions / TUAC : The Trade Union Advisory Committee to the Organisation for Economic Co-operation and Development (OECD) – 58 millions / ITF : International Transport Workers' Federation – 20 millions.

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