Commencer une carrière dans le journalisme pendant la pandémie

La pandémie de Covid-19 a été une période incertaine pour les journalistes en début de carrière, car de nombreux médias ont arrêté leur activité, suspendu leurs stages et leurs postes ouverts aux débutants, réduit leurs effectifs et mis en ligne tous leurs programmes de mentorat. Dans ce contexte, comment de jeunes journalistes peuvent-ils commencer à construire leur carrière ? Vers quelles ressources se sont-ils tournés? Comment se sont-ils adaptés au reportage à distance ? Et surtout, comment les syndicats de journalistes peuvent-ils accompagner la nouvelle génération de journalistes dans leurs premiers pas professionnels ?

L'un des principaux changements engendrés par la pandémie a été la fermeture des salles de rédaction physiques, qui étaient jusqu’ici un lieu essentiel où les jeunes journalistes pouvaient rencontrer et apprendre des journalistes expérimentés. En outre, de nombreuses conférences en présentiel, des événements de réseautage et autres opportunités de créer des liens ont disparu car la plupart des rassemblements à grande échelle ont été annulés, privant les jeunes journalistes de la possibilité de développer leurs réseaux professionnels.

Pour le journaliste Harry Tsatryan, membre du conseil d'administration de European Youth Press, la pandémie reste un défi pour les jeunes journalistes, car les mentors et les journalistes expérimentés ne sont pas encore pleinement présents pour rencontrer de jeunes journalistes lors de réunions en présentiel et les aider à se former dans des salles de rédaction physiques. Cependant, il existe des alternatives pour construire des réseaux professionnels en ligne.

« De nombreux gadgets/plateformes en ligne ont complètement remplacé ces salles de rédaction physiques, et il n'est plus nécessaire d'avoir ce genre de réunions : par exemple, les chaînes Slack, les équipes MS ou même différents groupes de messagerie sont utilisés pour aider les jeunes journalistes à démarrer leur carrière ou à être en contact avec des mentors. Bien sûr, nous n'avons pas le même environnement, le même ressenti, mais c'est une alternative fonctionnelle », commente Tsatryan.

Le reportage en ligne a également été un défi pour tous les travailleurs des médias, en particulier pour ceux qui débutent dans la profession car ils ont souvent plus de difficultés à développer leurs sources. De plus, tous les jeunes journalistes ne bénéficient pas d’un domicile entièrement équipé sur le plan technique ou n'ont pas les compétences ni la formation pour utiliser certaines alternatives qui permettent de travailler en ligne.

Pour de jeunes journalistes assigné.e.s à résidence, apprendre à utiliser de nouvelles plateformes pour raconter des histoires de manière inédite, telles que des podcasts ou des lettres d’information, a été essentiel. La pandémie a poussé de nombreuses rédactions à trouver de nouvelles façons de produire du journalisme, rendant ces compétences plus attrayantes que jamais.

Dans ce contexte, les formations et les ateliers sur l'utilisation de ces nouveaux outils peuvent vraiment faire la différence pour les jeunes professionnels des médias et les universités qui préparent  les étudiants en journalisme à un avenir d’abord numérique.

Le journalisme, une profession difficile à intégrer, mais toujours à la mode

Le secteur des médias a souffert d’un impact économique important pendant la pandémie, principalement en raison d'une perte de revenus publicitaires qui commence à se réduire. Néanmoins, les jeunes journalistes ont réalisé que toutes leurs compétences ne s'acquièrent pas obligatoirement dans la salle de rédaction d'une grande publication et que le journalisme peut  s’exercer de multiples manières et sur des plateformes innovantes.

De plus, la création de contenus, la couverture d'études scientifiques, la gestion des réseaux sociaux et d'autres compétences en communication peuvent s'acquérir hors d’une salle de rédaction.

« Nous constatons que les salaires des journalistes ont été réduits récemment, de nombreuses rédactions de premier plan ont décidé de produire le même travail avec moins de personnel, mais le journalisme reste un métier à la mode pour les jeunes », explique Tsatryan.

Le rôle des syndicats de journalistes

Les syndicats de journalistes doivent écouter et comprendre les besoins d'une nouvelle génération de professionnels qui rencontrent des difficultés pour rejoindre la profession mais qui sont pleins d'enthousiasme pour les surmonter et réaliser leurs propres reportages.

Offrir des formations pertinentes et de bonne qualité sur les nouveaux outils et formats de communication, entrer en contact avec les universités de journalisme pour développer ces formations ainsi que les réseaux professionnels des jeunes journalistes et leur offrir une affiliation à coût réduit sont des actions cruciales à mettre en œuvre.

S'assurer que des dispositifis sont mis en place pour les jeunes journalistes afin qu'ils puissent s'impliquer dans la vie syndicale, les consulter et écouter leurs réponses sont des éléments essentiels pour s'assurer que le syndicat est perçu comme un organisme accueillant et prenant en compte les sujets qui comptent pour les jeunes journalistes. 

« Les syndicats de journalistes devraient être actifs dans la création de cours intensifs/d’activités sur différents aspects des médias pour les jeunes journalistes, en commençant par leur parler de leurs droits et responsabilités lorsqu'ils sont engagés par des organisations médiatiques ou qu'ils font du bénévolat dans les rédactions », commente Tsatryan.

« Nous devons comprendre les besoins des jeunes qui souhaitent commencer leur carrière dans un secteur durement touché et prendre des mesures pour leur permettre de développer leur carrière avec succès. Ce n'est qu'en écoutant attentivement nos jeunes collègues et en leur proposant des solutions que nous pourrons faire en sorte qu'ils adhèrent à nos syndicats et défendent leurs droits collectivement et non individuellement, ce qui est essentiel pour mettre fin à la précarité dans le secteur », résume Anthony Bellanger, Secrétaire Général de la FIJ.

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