Le Sri Lanka rouvre l’enquête sur l’assassinat de Lasantha Wickrematunge en 2009

La Fédération international des journalistes (FIJ) se joint à ses affiliés sir lankais, le Free Media Movement (FMM) et l’Association des journalistes professionnels (SLWJA), pour accueillir la décision du gouvernement sri lankais de rouvrir l’enquête sur la mort en 2009 du rédacteur Lasantha Wickrematunge. Wickrematunge a été abattu le 8 janvier 2009. Ses quatre agresseurs lui ont tiré dessus alors qu’il se rendait au Sunday Leader, quotidien dont il était le fondateur et rédacteur en chef. Il critiquait ouvertement le gouvernement de l’ancien président Mahinda Rajapaksa et était en pleine bataille juridique avec le frère de ce dernier, Gotabaya Rajapaksa, alors Secrétaire de la Défense. Selon certains rapports (en anglais), la décision du nouveau gouvernement du Sri Lanka de redémarrer l'enquête a été prise après qu’un ancien ministre eut accusé Gotabaya Rajapaksa d’avoir organisé l’assassinat du journaliste. Le 8 janvier 2015, Maithripala Sirisena remporte les élections présidentielles face à son adversaire Mahinda Rajapaksa, mettant fin à dix ans de règne de ce dernier. Wickrematunge s’est vu accorder à titre posthume le Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano 2009 et nommer « héros de la presse dans le monde » par l’Institut international de la presse en 2010. Jane Worthington, directrice adjointe du bureau Asie pacifique de la FIJ, a déclaré : « Le meurtre de Lasantha Wickrematunge avait pour but d’envoyer un message fort et il a sans aucun doute paralysé les médias au Sri Lanka. Lasantha était un homme très apprécié pour son courage et son engagement dans la défense de la liberté de la presse face aux menaces et aux attaques qui ont finalement mis fin à ses jours. L’importance de la reprise de cette enquête ne peut être minimisée. » Le rédacteur en chef du Sunday Leader avait écrit, dans son dernier éditorial (en anglais) posthume : “Quand finalement je serai tué, c’est le gouvernement qui m’aura tué”. Il y avait également exprimé son espoir que cet homicide ne serait pas interprété comme « un échec de la liberté de la presse mais plutôt comme une inspiration. » Depuis la fin de la longue guerre civile qui a fait rage au Sri Lanka, on estime à plus de 80 le nombre de journalistes ayant quitté le pays. La FIJ affirme que la décision du Sri Lanka de relancer l’enquête sur l’assassinat de Lasantha envoie un message prometteur quant à un nouvel avenir pour la liberté de la presse et la démocratie au Sri Lanka, qui est à l’ordre du jour du programme de réformes de 100 jours du nouveau gouvernement. » En accueillant cette décision, la SLWJA a exhorté ce dernier à enquêter sur toutes les autres attaques contre les médias, ceci incluant celles contre les quotidiens Uthayan, Sirasa et Sunday Leader, la disparition de Prageeth Ekneligoda ainsi que les enlèvements et agressions de Poddala Jayantha et de Keith Noyer. Le syndicat sri lankais FMM a rencontré Sirisena avant les élections et présenté une proposition de réforme des médias (en anglais). Une partie de ces réformes comprend la fin de l’impunité pour des crimes commis contre des journalistes. Cette mesure prise par le nouveau président semble constituer un net progrès pour la réforme des médias. Le groupe FMM se dit ravi de cette décision de redémarrer l’enquête sur l’agression qui a mis fin aux jours de Lasantha Wickrematunge. La FIJ a ajouté que le nouveau gouvernement du Sri Lanka avait une occasion de garantir une forme de gouvernance démocratique en s’engageant à respecter la liberté des médias, et la reprise de l’enquête sur l’assassinat de Lasantha Wickrematunge y joue un rôle important. Elle a également déclaré : « Nous poussons le gouvernement sri lankais à exploiter toutes les ressources de l’Etat pour appliquer la justice dans le cas emblématique et très controversé de l’impunité. Dans l’affaire du meurtre de Wickrematunge, elle permettra d’examiner le terrible rapport d’impunité du pays. » Selon l’indice annuel mondial d’impunité de 2014 du Comité pour la protection des journalistes, le Sri Lanka atteint la quatrième place. En effet, au cours de dix dernières années écoulées, il n’a pas lutté contre l’impunit dans les neuf cas de meurtre de journalistes – celui de Wickrematunge inclus. Le haut niveau de menace à leur encontre et d’impunité ont par conséquent forcé ces derniers à s’exiler.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter la FIJ au + 32 2 235 22 17

La FIJ représente plus de 600 000 journalistes dans 134 pays

Retrouvez la FIJ sur Twitter : @ifjasiapacific

Retrouvez la FIJ sur Facebook: www.facebook.com/IFJAsiaPacific