Le SEAJU appelle à la fin du harcèlement des caricaturistes politiques

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et le Syndicat des journalistes d'Asie du Sud-Est (SEAJU) condamnent sévèrement les restrictions croissantes de la liberté d'expression en Malaisie via l'utilisation de la Loi sur la sédition, notamment pour la récente arrestation d'un caricaturiste malais. La FIJ et le SEAJU appellent le gouvernement malais à mettre un terme au harcèlement que subit le caricaturiste, qui représente un nouvel exemple des violations de la liberté de la presse en Malaisie. Le mardi 10 février, le caricaturiste Zulkifi Anwar Uljaque alias « Zunar », a été arrêté par cinq agents de police. Les tribunaux ont donné leur autorisation pour placer Zunar en garde à vue prolongée et la police l’a finalement relâché le vendredi. Avant son arrestation, Zunar avait publié une caricature critiquant la condamnation du leader de l'opposition malaise, Anwar Ibrahim, jugé pour actes de sodomie. Aucune charge ne pesait contre lui, mais Zunar a été inculpé en vertu de la Loi sur la sédition de 1948 et encourt jusqu'à trois ans d'emprisonnement. Anwar Ibrahim a été condamné à cinq ans d'incarcération pour actes de sodomie, le 10 février, alors que cette condamnation était accueillie par un flot de critiques sur la scène internationale. La réaction de la part du public a été virulente après que la police malaise ait menacé de poursuivre sévèrement les personnes suspectées d'avoir enfreint la Loi sur la sédition. Selon le directeur de la police malaise, le commissaire Khalid Abu Bakar, deux autres commentateurs critiques font actuellement l'objet d'une enquête, dont notamment le parlementaire Nga Kor Ming, qui avait publié un commentaire sur Twitter pour s'opposer au « régime despotique » du pays, et Rafizi Ramili, pour sa caricature d'un juge publiée sur Twitter. Selon Article 19, plus de 20 personnes ont été arrêtées pour des charges de sédition depuis le mois d'août 2014, date à laquelle le gouvernement malais a commencé sa campagne contre la liberté d'expression dans le pays. La Loi sur la sédition de 1948, relique du régime colonial britannique, définit tous les comportements qui présentent « une tendance séditieuse », y compris le fait « d'attiser le mécontentement » ou « de susciter le mépris et la haine » à l'encontre de la justice et du gouvernement comme étant des crimes. Le parquet n'a pas besoin de prouver l'intention du suspect et la sentence maximale s'élève à 3 ans d'incarcération. Zunar est habitué à critiquer le gouvernement et il est l'auteur de nombreuses caricatures politiques. En janvier, la police a effectué une descente dans ses bureaux et, en 2010 et 2014, il a fait l'objet d'une enquête en vertu de la Loi sur la sédition. Entre 2009 et 2010, le ministre de l'Intérieur malais a également interdit la publication de cinq livres de Zunar et a cherché à accéder aux données personnelles des personnes qui avaient acheté ses livres. En septembre 2014, Susan Loone, journaliste pour le média Malaysiakini a été placée en garde vue pendant quatre jours en vertu de la Loi sur la sédition, après avoir publié les commentaires séditieux d'un politicien, recueillis lors d'une interview. Le SEAJU a déclaré: « La Loi sur la sédition est en train de devenir un outil du gouvernement malais pour sanctionner les critiques à son égard, et les arrestations successives dans le pays ont pour but d'instaurer un climat de crainte et d'intimidation parmi les journalistes et les opposants politiques. Nous appelons le gouvernement malais à cesser l'utilisation détournée de la législation pour restreindre la liberté de la presse et les critiques, lesquelles représentent des principes fondamentaux de la démocratie. » Le SEAJU réclame des autorités malaises qu'elles mettent un terme au harcèlement que subissent Zunar et les autres opposants politiques. La FIJ et le SEAJU appellent à l'abrogation de la Loi sur la sédition et à la fin de son utilisation en tant qu'outil d'oppression et de sanction contre la liberté d'expression.

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