La junte militaire serre encore la vis de la liberté de la presse en Thaïlande

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) se joint à l'Association des journalistes thaïlandais (TJA) pour condamner une directive prise le 30 janvier par la junte militaire thaïlandaise et visant à supprimer un des principes fondamentaux de la liberté de la presse. La FIJ et la TJA considèrent cette directive comme une atteinte directe à la liberté d'expression et ont appelé le Conseil national pour la paix et le maintien de l'ordre (NCPO) de Thaïlande à respecter les droits des médias ou à se tenir prêt à se présenter devant la Cour de justice internationale. Le forum Baromètre du paysage médiatique en Asie : Thaïlande 2014, organisé par la fondation Friedrich-Ebert (FES) et la TJA, a été annulé sur ordre du NCPO, au motif que la FES n'avait pas respecté la procédure d'autorisation pour accueillir un tel événement. Cependant, deux jours plus tôt, le NCPO avait fait part de ses inquiétudes que le forum puisse aborder des sujets polémiques qui pourraient saper les efforts de la junte militaire pour restaurer la « paix et l'ordre » dans le pays. Le NCPO a été établi le 22 mai 2014 pour diriger la Thaïlande, à la suite du coup d'État du 20 mai 2014, lorsque l'armée thaïlandaise a imposé la loi martiale sur tout le pays pour tenter d'enrayer l'escalade de la crise politique. Depuis, la junte censure l'audiovisuel thaïlandais ; elle a abrogé la constitution et arrêté de nombreux membres du Cabinet et des médias thaïlandais. Le forum médiatique, prévu pour le 30 janvier, était destiné à dévoiler le deuxième rapport de la FES sur le paysage médiatique et la situation de la presse en Thaïlande entre 2011 et 2014. Le rapport a attribué la note de 2,475 sur 5 pour la qualité des conditions de la presse, alors que le pays avait enregistré un score de 2,7 dans le premier rapport de 2010. Ces résultats mettent en évidence les conséquences de la loi martiale et du coup d’État qui ont frappé la Thaïlande. Manop Thip-Osot, président adjoint de la TJA, a déclaré : « Il est toujours déplorable qu'un tel événement soit annulé, vu l'importance du droit fondamental des peuples à exprimer leurs opinions. » La TJA pense que de telles interventions peuvent avoir un effet négatif sur l'image du pays, alors que la communauté internationale surveille de très près la Thaïlande depuis le dernier coup d'État. Depuis le début de l'année 2015, la junte militaire cherche les moyens de renforcer son emprise. Le 7 juillet, la loi sur la « cyber sécurité » était adoptée, et avec elle l'article 35 qui prévoit la création d'une nouvelle agence gouvernementale pour contrôler les communications de tous les citoyens thaïlandais. L'objectif et de prévoir les éventuelles menaces contre la sécurité numérique nationale et les autres menaces liées à la sécurité et la stabilité économique et militaire du pays. La TJA craint que les 10 projets de loi concernant Internet présentés ces derniers mois puissent être utilisés contre la liberté d'expression et porter ainsi atteinte à la vie privée des citoyens thaïlandais. Le bureau Asie-Pacifique de la FIJ a annoncé : « La FIJ est très préoccupée par les tentatives répétées de bâillonnement et de censure contre les médias, perpétrées par le NCPO au nom de la paix et du respect de l'ordre. Le rapport dressé par la FES reprend en détail les causes de l'annulation du forum en Thaïlande et montre une grave détérioration des libertés de la presse dans le pays. La FIJ appelle à un amendement immédiat des projets de lois présentés afin qu'ils soient conformes avec les principes fondamentaux de la liberté d'expression. »

Pour plus d'informations, contactez le bureau Asie-Pacifique de la FIJ au +61 2 9333 0946

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