La FAJ demande au Cameroun de lever la résidence surveillée imposée à trois journalistes

La Fédération des Journalistes Africains (FAJ), le groupe africain de la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a vivement dénoncé aujourd’hui les violations à la liberté de la presse imposées par le tribunal militaire du Cameroun à trois journalistes en résidence surveillée, poursuivis pour « n’avoir pas averti les autorités militaires, administratives ou judiciaires de toute activité de nature à nuire à la défense nationale». Il s’agit de Baba Wamé, journaliste et enseignant de journalisme à l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (ESSTIC), Rodrigue Tongue, coordonnateur de la rédaction du Messager et Félix Cyriaque Ebole Bola, secrétaire général de la rédaction de Mutations et président du Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC). «Nous condamnons les mesures anti-démocratiques contre les trois collègues qui sont confinés à une résidence surveillée et privés du droit d’exercer leur profession», a déclaré Mohamed Garba, président de la FAJ. «Nous demandons au gouvernement camerounais de faire lever ces mesures et de mettre fin à ces actes d’intimidation et harcèlement contre les trois journalistes». Selon le SNJC et les rapports des médias, le tribunal militaire de Yaoundé a convoqué les trois journalistes le 28 octobre dernier et les a accusés de non-dénonciation. Les trois journalistes sont poursuivis pour « n’avoir pas averti les autorités militaires, administratives ou judiciaires de toute activité de nature à nuire à la défense nationale». Au sortir de l’audience tenue à huis clos, il est demandé aux trois journalistes: de ne pas quitter le sol camerounais; de prévenir le juge d’instruction avant toutes absences, ou tous changements de domicile ou d’emploi; d’obtenir l’autorisation du juge d’instruction ou du commissaire du gouvernement avant tout déplacement à l’étranger; de ne pas se rendre dans les pénitenciers de Yaoundé, de s’abstenir de rencontrer des journalistes nationaux et internationaux, de ne pas exercer des activités professionnelles, donner des points de presse ou interviews. Ils ne sont pas non plus autorisés à sortir de la ville de Yaoundé pendant 15 jours sans autorisation des mêmes autorités militaires; ils sont interdits de tout débat public; ils ne peuvent changer de domicile sans en informer le juge d’instruction; mais surtout, tous les lundis matin, à 11h, ils doivent se présenter au cabinet du juge d’instruction, le temps que l’instruction judiciaire doit durer. «Il s’agit de graves violations des libertés publiques fondamentales, et la situation que vivent nos collègues est assimilable à un emprisonnement », a dit Stanilas Nkundiye, Président de l’Union des Syndicats des Professionnels de la Presse d’Afrique Centrale (USYPAC). “Ces collègues ne sont pas des agents de renseignement du gouvernement, ils sont des journalistes à qui on ne peut pas reprocher dans le cadre de l’exercice de leur fonction de détenir des informations”. “Le tribunal militaire reproche à ces journalistes de n’avoir pas divulgué des informations en leur possession et qu’ils n’ont pas jugées opportunes de publier, comme le recommande l’éthique de leur profession,” a déclaré Gabriel Baglo Directeur du bureau Afrique de la FIJ. “Nos collègues font leur travail, et on ne peut pas leur reprocher d’avoir gardé des informations” a-t-il ajouté. La FAJ demande au Président Paul Biya et au gouvernement du Cameroun de promouvoir la liberté d’expression et de permettre aux journalistes camerounais d’exercer leur profession, de lever les graves restrictions qui paralysent ces trois journalistes, et par ailleurs de prendre des mesures pour garantir le respect des normes internationales protégeant la liberté de la presse. Pour plus d’information, veuillez contacter le Secrétariat de la FAJ au : +221 33 867 95 8687 La FAJ représente plus de 50.000 journalistes dans 40 pays en Afrique