Cameroun : la liberté de la presse est menacée

MIS A JOUR 13.11.18 Journaliste anglophone reconnue de la télévision camerounaise, Mimi Mefo est accusée d’avoir publié de fausses informations sur les affrontements entre l’armée et les séparatistes. Arrêtée mercredi 7 novembre, elle doit être jugée par un tribunal militaire lundi 12 novembre pour “atteinte à la sûreté de l’Etat”. La Fédération internationale des journalistes (FIJ), première organisation mondiale de la profession, se joint à son affilié le Syndicat national des journalistes camerounais (SNJC) en dénonçant son arrestation et demande à ce qu’elle soit immédiatement libérée.

CREDIT: COMPTE FACEBOOK DE MIMI MEFO

Mimi Mefo est la rédactrice en chef adjointe et présentatrice vedette de Equinoxe TV, une chaîne de télévision privée basée à Douala, la capitale économique au sud du Cameroun.

Journaliste critique du pouvoir de Yaoundé, couvrant la crise anglophone qui déchire le pays, Mimi Mefo publie souvent des révélations sur les actions du gouvernement central sur son propre site internet. Elle est accusée d’y avoir diffusé de fausses informations sur les affrontements entre l’armée et les milices séparatistes anglophones, en conflit armé depuis plus d’un an.

Un retweet a particulièrement attiré l’attention des autorités camerounaises : celui d’un post sur Charles Wesco, un missionnaire américain tué dans le nord-ouest du pays le 30 octobre dernier, dont la mort est imputée aux soldats camerounais. Cette version va à l’encontre de celle qui a été communiquée par le ministère de la Justice, qui, lui, accuse les dissidents anglophones d’être responsables.

Mercredi 7 novembre, vers 21 heures, la journaliste a été écrouée à la prison centrale de New Bell à Douala. Mimi Mefo aurait été convoquée le même jour en début d’après-midi puis auditionnée et placée par la suite sous mandat de dépôt.

Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) a constitué il y a quelques jours un collège d’avocats conduits par Me Alice Kom, pour sa défense. Son Bureau exécutif national (BEN) s’est réuni en session extraordinaire jeudi 8 novembre à Douala et, dans un communiqué publié le jour même, appelle au “boycott par les journalistes et les médias de toutes les activités du gouvernement pendant 10 jours”. Il demande également au gouvernement “de libérer Mimi Mefo sans aucun préalable” et il prendra  “toutes les mesures nécessaires pour apaiser les relations entre les journalistes et les institutions de la République”. De plus, le BEN appelle à la mobilisation de la section SNJC Littoral le lundi 12 novembre, au tribunal militaire de Doula, lors de la la première audience de la journaliste.

Anthony Bellanger, Secrétaire général de la FIJ a déclaré:

“Mimi Mefo est victime d’une censure du gouvernement camerounais et du pouvoir militaire, dans un pays divisé par un conflit armé depuis plus d’un an. Journaliste anglophone, elle incarne une voix dissidente du pouvoir central. C’est ici son seul crime ! Son arrestation et inculpation devant un tribunal militaire pour atteinte à la sûreté de l’Etat est infondée et ne respecte pas une procédure judiciaire classique. Elle doit être libérée immédiatement ! La liberté de la presse ainsi que la liberté d’expression ne peuvent être bafouées à ce point : la reprise d’une information n’est en rien une infraction, encore moins un délit. Nous soutenons l’appel à la mobilisation de notre affilié, le SNJC, et celle de tous les journalistes camerounais. #FreeMimiMefo !”

La journaliste a été libérée le 10 novembre et toutes les charges retenues à son encontre ont été abandonnée lundi 12 novembre par le tribunal militaire de Douala. 

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