L’année dernière, aux États-Unis, la lutte pour l’égalité salariale dans les médias a connu un cas de jurisprudence remarquable. Dans un procès contre les inégalités salariales subies par des journalistes de couleur et des femmes journalistes, les médias Los Angeles Times et Tribune Publishing ont accepté de payer 3 millions de dollars de dommages et intérêts. Vous et votre syndicat, L.A. Times Guild, avez joué un rôle majeur dans l’identification et la remise en cause de l’écart salarial entre hommes et femmes au sein de votre rédaction. Quels sont vos conseils pour les syndicats qui souhaitent soutenir les revendications de l’égalité salariale ?
Ne vous appuyez pas sur des anecdotes. Collectez les données salariales de votre rédaction, analysez-les et publiez les résultats. Utilisez ensuite les documents comme un outil de coordination pour favoriser l’égalité salariale.
Comment avez-vous découvert, avec vos collègues, que le salaire des journalistes de couleur et des femmes journalistes était nettement inférieur à celui des journalistes masculins blancs ?
Les rédacteurs qui divulguaient leur salaire ou demandaient celui de leurs collègues étaient mal vus au sein de la rédaction de The Times. Les femmes et les personnes de couleur soupçonnaient depuis longtemps être moins bien payées que les hommes blancs. Toutefois, il a fallu attendre la création du syndicat et l’autorisation légale d’accéder aux données salariales des membres pour pouvoir déterminer l’écart salarial.
Des membres du Guild expérimentés dans le domaine ont mené en 2018 une étude statistique sur les données salariales rendues anonymes. Dans leur rapport, ils révélaient des schémas évidents d’inégalité.
Quels sont les changements depuis la victoire du syndicat ? La gestion du média est-elle plus transparente ? Avez-vous élaboré une nouvelle politique sur l’égalité des genres au sein de votre travail ?
Le premier accord du Guild, qui a pris effet fin 2019, a établi des salaires minimum. Ainsi, les rémunérations de nombreux rédacteurs sous-payés ont augmenté. Certaines femmes ont présenté des doléances individuelles à travers cet accord afin de garantir l’égalité salariale.
Les 3 millions de dollars de dommages et intérêts, dont on espère obtenir l’approbation définitive des tribunaux d’ici la fin du mois, ont permis d’avertir l’entreprise qu’elle doit traiter tous ses employés de façon juste. Dans le cas contraire, elle sera tenue responsable légalement et financièrement conformément à la loi californienne.
Q : Comment les syndicats peuvent-ils s’assurer que la rédaction aborde toujours le problème des inégalités salariales, alors que les médias luttent pour survivre, suppriment des emplois et réduisent des salaires ? Grâce à votre expérience, que diriez-vous aux femmes journalistes qui subissent toujours des inégalités salariales à cause de leur genre ?
Vous valez autant que vos pairs masculins.