#DontTroll testimonies : Myriam Leroy (Belgique)

Myriam Leroy est journaliste freelance et auteure belge. Il a quelques années, elle a été victime de cyberharcèlement, recevant un torrent d'insultes extrêmement violentes, des menaces de viols et de morts par milliers sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, elle poursuit son combat en justice.

Crédit photo : Myriam Leroy

Le harcèlement, en ce qui me concerne en tant que femme journaliste, c'est tout le temps, sous toutes les formes.

Ainsi, j'ai porté plainte il y a deux ans contre un homme qui, entre autres agissements, me bombarde d'insultes à caractère sexiste depuis 2012. Depuis, j'attends des nouvelles de la justice, qui a manifestement autre chose à faire.

Mais j'ai aussi connu une expérience d'ampleur inédite : ce qu'on appelle désormais un « raid ». En novembre 2013, alors que je travaillais sur une grande chaîne de télévision française, je me suis fendue d'une chronique acide sur l'ancien humoriste Dieudonné.

La suite des événements : des insultes et des menaces de viol par milliers, des menaces de mort par centaines. Le tout, toujours, à connotation sexuelle. Des photomontages de mon visage couvert de sperme et d'ecchymoses, ma tête vissée sur un corps nu de cadavre, etc.

J'ai continué à travailler et à me comporter sur les réseaux sociaux comme si de rien n'était, en tout cas en faisant semblant que tout cela ne m'affectait pas, histoire de ne pas donner aux harceleurs le signal qu'ils avaient gagné. Mais la police faisait des patrouilles devant mon domicile, un agent de sécurité m'accompagnait au travail, je ne sortais plus de chez moi que déguisée et la vérité c'est que j'étais terrorisée.

J'ai porté plainte contre X pour faciliter l'intervention des forces de l'ordre en cas d'agression.

Ai-je obtenu du soutien de la part de ma hiérarchie ? Non. Mais il faut préciser que je suis freelance. La plupart de mes confrères ont traité mon « affaire » sous l'angle « Elle l'a bien cherché ». Personne n'a mis en avant ce qu'il y avait, me semble-t-il, de plus saillant dans cette histoire : la dimension misogyne des attaques. Leur incroyable violence, leurs invariants (me réduire au silence par l'humiliation sexuelle) et le fait qu'elles étaient pratiquement toutes le fait d'hommes. 

Aujourd'hui, maintenant que Weinstein est passé par là et que les yeux s'ouvrent, certains confrères me présentent leurs excuses. Elles me touchent car elles montrent que, doucement, les mentalités évoluent. Et récemment, l'Association des Journalistes Professionnels (AJP)  m'a témoigné son soutien :ça fait toute la différence. "

Merci à elle d'avoir témoigné # !DONTTROLL

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