Rapport d'activité 2002 de l'ODEP (Mali) - Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse

Rapport narratif communiqué par l'ODEP - Programme Médias pour la Démocratie (soutenu par l'Initiative Européenne pour la Démocratie et les Droits de l'Homme)

Dès son installation par les associations et professionnels des médias, le 3 mai 2001 lors de la 11ème journée internationale de la liberté de la Presse, l’Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse (ODEP) s’est attelé à nouer les contacts nécessaires et indispensables auprès des médias afin de réaliser, sinon concrétiser le large consensus qui a présidé à sa mise en place. Dans ce cadre, le Comité Exécutif de l’ODEP a pris contact non seulement avec toutes les associations membres de l’Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse (ODEP), mais aussi tous les organes et médias existants dans la capitale, de façon formelle ou informelle.
Ensuite, l’Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse (ODEP) a aussi eu des contacts et des séances de travail avec toutes les autres structures impliquées dans la gestion des médias au Mali :
- Le Conseil Supérieur de la Communication (CSC),
- la Maison de la Presse (MP),
- le Comité National de l’Egal Accès aux Médias d’Etat (CNEAME),
- le Ministère des Domaines de l’Etat, des Affaires Foncières et de la Communication,
- ainsi que d’autres partenaires institutionnels et bailleurs de fonds.

C’est dans ce cadre que le bureau de l’Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse (ODEP) a été reçu, le 27 juillet 2001, par Son Excellence le Premier ministre, Chef du Gouvernement Mandé SIDIBE, en présence de Madame la Ministre des Domaines de l’Etat, des Affaires Foncières, de la Communication, Mme Bouaré Fily Sissoko. A la demande de l’Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse (ODEP), le Premier Ministre a instruit à Madame la Ministre de la Communication de trouver, dans les meilleurs délais, pour l’instance d’autorégulation naissante, un siège fonctionnel à défaut d’être totalement et entièrement équipé. Une requête de siège à laquelle Madame la Ministre des Domaines de l’Etat, des Affaires Foncières, de la Communication accèdera en mettant à la disposition de l’Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse (ODEP) un siège sis à Hippodrome en décembre 2001. Ce qui fera de notre Observatoire la seule instance d’autorégulation en Afrique qui ait véritablement un siège indépendant.

Dans la perspective de la tenue des élections générales de 2002, l’Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse (ODEP) a élaboré un programme de formation à l’intention des journalistes et animateurs des médias, intitulé «Programme de renforcement des capacités professionnelles des médias et alerte éthique et déontologique en période électorale», programme soumis au Ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, chargé de l’organisation des élections. L’objectif, au-delà de l’intitulé du Thème, c’est aussi pour l’ODEP de faire connaître à la fois, au cours de l’exécution de ce programme, la structure, le Code de déontologie du journaliste malien et la grille de lecture de l’ODEP.

Après plusieurs rencontres, le Ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales a trouvé un partenaire financier, IFES/USAID, pour l’exécution de ce programme à lui soumis par l’ODEP. Le partenaire a bien voulu financer un grand séminaire en novembre 2001 qui a regroupé à Bamako plus de quatre-vingt (80) journalistes et animateurs venus de l’ensemble du pays.

Au terme de ce séminaire, dans les résolutions et recommandations, l’Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse (ODEP) a lancé le cri d’alarme autour du projet «Convention Collective, d’ici le 3 mai 2002», un projet que tous les journalistes, animateurs et autres employés des médias ont vivement salué. Ce qui amènera la Maison de la Presse à prendre à bras le corps le projet, à s’impliquer pour trouver le financement nécessaire pour l’élaboration d’un plaidoyer à cette fin.

Grâce aux contacts et démarches préliminaires de l’ODEP, la Maison de la Presse (MP) a pu trouver auprès des partenaires canadiens (Ambassade du Canada) un financement pour la tenue d’un séminaire national sur l’éthique et la déontologie en période électorale.

Avec l’aide de l’Union Européenne aux observatoires africains au nombre de quatre (le Bénin, le Burkina, le Mali et le Sénégal) , à travers son projet « Médias et démocratie », dont il est bénéficiaire et à l’appui d’autres bailleurs internes, l’Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse (ODEP) a pu :
1- Réaliser la réfection du siège que le gouvernement a mis gracieusement à notre disposition ;
2- Rétablir l’eau et l’électricité avec la société Energie du Mali ;
3- Equiper le siège
3-1- En mobilier (Tables, bureaux, chaises, armoires…)
3-2- Matériel informatique (un ordinateur, une imprimante, une photocopieuse, un stabilisateur…)
3-3 Matériel audio (un poste radio-cassette) et télé (un téléviseur et magnétoscope)
4- Recruter un Comité de monitoring (une secrétaire-permanante et trois pigistes)
5- Tenir diverses activités comme l’inauguration officielle du siège, la journée internationale de la liberté de la presse, des sessions de formation à l’attention des pigistes
6- Editer un Code de déontologie pour l’ensemble de la presse malienne
Dans le domaine spécifique de son objet (autorégulation), compte tenu de la spécificité du paysage médiatique malien, l’Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse (ODEP) a privilégié plutôt la démarche pédagogique. Avant la fonctionnalité du siège, l’ODEP n’était pas en mesure d’accueillir de façon décente les plaignants et les journalistes mis en cause.
Aussi, le plus souvent l’Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse (ODEP) avait-il privilégié la médiation sur saisine.

Par ailleurs, il n’était pas judicieux de formuler des avis dans la précipitation pour satisfaire seulement à l’impatience, certes légitime, de certains qui voudraient ne voir dans l’ODEP qu’un instrument de répression contre les journalistes. Succomber à une telle tentation était synonyme (à notre sens) d’échec garanti pour l’instance d’autorégulation.

Le plus difficile était d’abord de faire partager et admettre l’idée même d’autorégulation dans un contexte médiatique où la règle était : interdit d’interdire, tout est permis aux journalistes. La naissance et la mise en place de l’Observatoire pour l’Ethique et la déontologie de la Presse, au regard du consensus qui a prévalu du séminaire national de novembre 2000 au 3 mai 2001, étaient donc un acquis qu’il fallait préserver consolider et pérenniser.

Dès lors, prendre des avis de façon sélective, partielle ou partiale ou simplement parce qu’on a lu ici et là un article qui sort du cadre éthique déontologique, sans qu’on ait lu tous les autres journaux, c’était courir un risque d’un désaveu similaire à celui de l’avis N°01 du Conseil Supérieur de la Communication rendu public en 1996.

Pour l’ODEP, il fallait amener tous les organes de presse, notamment les journaux, à accepter de donner gratuitement, dans le cadre du suivi déontologique, au moins un exemplaire. L’acceptation de cette requête signifie que cet organe adhère au Code de déontologie du journaliste malien et qu’il est prêt à voir son journal passer au prisme de la grille de lecture de l’ODEP.
Tant que l’adhésion à l’instance d’autorégulation n’a pas de caractère contraignant pour les organes de presse (ce qui n’est pas le cas pour l’instant au Mali), tout journal peut refuser de livrer ses parutions à l’ODEP. Toutefois, nous sommes heureux, qu’à partir de juillet 2002, la quasi-majorité des organes de presse ont accepté de répondre favorablement à notre requête pour le suivi des médias.

Comme on peut donc le voir, le souci de l’Observatoire était de capitaliser le large consensus qui a prévalu à sa naissance et avant toute activité d’auto-saisine, il fallait avoir l’adhésion volontaire de la majorité des organes de presse avec soi.

A partir de juillet 2002, nous avons estimé que le succès ou l’échec de notre mandat ne réside pas dans la publication d’avis à la ‘’gendarme’’, mais dans la mise en place et la consolidation d’une véritable instance d’autorégulation fonctionnelle et pérenne dans laquelle tous les médias se reconnaissent. Aussi, au lieu de commencer tout de suite par diffuser nos avis, avons-nous pensé qu’il était judicieux de laisser s’estomper la fièvre électorale pour donner un jugement global dans un rapport unique qui engloberait la période comprise entre mai et décembre 2002. L’Observatoire pour l’Ethique et la déontologie se propose de faire des avis mensuels, à partir du mois de mars 2003, et de passer aux avis hebdomadaires à partir d’avril 2003.

Pour autant, avant juillet 2002, l’Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse (ODEP) est demeuré alerte sur toutes les atteintes et entraves graves à l’exercice de la liberté de la presse. C’est ainsi que chaque fois qu’il s’agit de condamnation d’un journaliste (le cas de Sidiki KONATE, DG de l’ORTM), d’agression physique (le cas des nos confrères de la BBC) ou verbale (le cas de journalistes injuriés lors d’un meeting au Palais des congrès) contre un journaliste ou d’entrave à l’exercice de la liberté de la presse (le cas des journalistes de l’ORTM interpellés à Paris), l’ODEP a spontanément réagi à travers des déclarations. Et dans tous les cas, il a été suivi par l’ensemble des médias.

Au total, l’Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse (ODEP) a à son actif trois (3) séminaires de formations, la publication d’un code de déontologie et de deux (2) rapports sur l’état de la presse au Mali, soixante douze (72) avis publiés, treize (13) médiations réussies, quatre (4) sorties à l’intérieur du pays et deux (2) à l’extérieur (Dakar en septembre 2002 et Cotonou en mars 2003).

Dans les projections d’avenir, l’Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse entend renforcer ses interventions à travers la publication régulière et systématique de ses avis, instaurer un concours du meilleur organe en matière de suivi de l’éthique et de la déontologie journalistique, prendre des sanctions disciplinaires contre les journalistes récalcitrants en leur retirant la carte de presse, initier des sessions de formations en matière d’éthique et de déontologie à l’intention des journalistes et animateurs des langues nationales.


Fait à Bamako, le 12 mai 2003


Pour le Comité Exécutif

Le Président
Sambi TOURE