Les récents meurtres de journalistes conduisent la FIJ à demander à l’ONU une enquête spéciale sur le rôle de l’armée américaine

La Fédération internationale des journalistes a déclaré aujourd’hui qu’avec la mort d’un preneur de son de Reuters, abattu ce week-end en Irak par des soldats américains, le nombre des journalistes et travailleurs des médias tués par les forces américaines depuis l’invasion de l’Irak atteint 18.
« Le nombre de représentants des médias tués de façon inexpliquée par les militaires américains est intolérable », a dit Aidan White, secrétaire général de la FIJ. « Les entreprises de médias, les journalistes et leurs familles se heurtent à un mur de silence et à une bureaucratie déshumanisée qui refuse de donner des réponses claires et crédibles aux questions ».

Dans une lettre adressée aujourd’hui au secrétaire général des Nations Unies, la FIJ demande aux responsables de l’ONU de mettre sur pied une enquête indépendante sur le meurtre des salariés des médias du fait des forces américaines et de la coalition.

« Les Nations Unies ont, en théorie, la responsabilité de garantir que la loi internationale et les droits des victimes dans ce conflit soient correctement protégés, écrit la FIJ. Le temps est venu pour l’ONU elle-même de s’en mêler et d’exiger la justice et que les pays démocratiques impliqués dans ce conflit respectent les droits humanitaires élémentaires »

La FIJ accuse l’armée américaine d’incompétence, de comportement militaire irresponsable et de « mépris cynique » pour la vie des journalistes –particulièrement irakiens– qui couvrent les événements en Irak.

La mort de Waleed Khaled, abattu dans le quartier de Hay al-Adil, à l’ouest de Bagdad, lors d’un incident au cours duquel le caméraman Haider Khadem a été également blessé, porte à 70 le nombre de salariés des médias tués depuis l’invasion américaine en mars 2003. Au total, si l’on tient compte de tous les collaborateurs essentiels des médias, y compris les chauffeurs et interprètes, 95 journalistes et salariés des médias ont perdu la vie dans le conflit irakien, selon la FIJ.

« Ce bilan est effroyable, mais le fait que 18 de ces morts soient dues aux soldats américains et que certaines questions, deux ans après avoir été posées, attendent encore leur réponse, est particulièrement choquant », a ajouté White.

La FIJ soutient Reuters qui exige la libération immédiate de Khadem qui est toujours détenu par les forces américaines, plus de 24 heures après le meurtre de son collègue. L’armée américaine affirme qu’elle enquête toujours et refuse de dire quelles questions elle pose à Khadem. Elle refuse d’indiquer son lieu de détention à Bagdad et quelle unité le retient captif.

« Le fait que la police irakienne dise que ce sont des soldats américains qui ont tiré sur l’équipe de journalistes soulève de sérieuses suspicions quant à une tentative de la part de l’armée américaine de dissimulation qui doivent être levées immédiatement », a dit White.

La FIJ demande au Conseil de Sécurité des Nations Unies de prendre en compte ses préoccupations. « Nous croyons qu’il est urgent que s’ouvre une enquête indépendante complète et sans restriction sur tous ces cas afin de garantir que les médias puissent avoir confiance dans le respect par les gouvernements de leurs obligations ».

La FIJ admet que nombre de ces incidents puissent avoir été inévitables dans le contexte de la guerre, mais dans un certain nombre de cas, certaines questions non résolues suggèrent que les représentants des médias ont été délibérément pris pour cibles. « Nous devons tirer au clair ces incidents, mais nous estimons également qu’au cours de cette période de transition du pouvoir au profit des autorités irakiennes, il est nécessaire d’établir les critères les plus élevés possibles pour faire état des incidents dans lesquels journalistes et collaborateurs des médias sont tués et mener à bien les enquêtes », a conclu White.