La FIJ condamne l'interpellation violente de journalistes du quotidien " Mutations " au Cameroun

La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), qui représente près de 500 000 journalistes dans le monde, a condamné aujourd'hui l'arrestation violente de journalistes du quotidien Mutations et la multiplication de graves atteintes à la liberté de presse au Cameroun depuis le 13 avril.

Les gendarmes ont investi les locaux de l'imprimerie et le siège du journal Mutations le 14 avril et saisi le CD-Rom et les disquettes contenant l'édition du jour et certaines archives. Haman Mana, Directeur de publication du journal, a été violemment appréhendé à 20h 45 par des gendarmes en armes et conduit au Secrétariat d'Etat à la défense chargé de la gendarmerie. Il n'a été libéré que le lendemain soir.

Le rédacteur en chef, Alain Blaise Batongué ainsi que Emmanuel Gustave Samnick, secrétaire général du quotidien ont été gardés pendant plusieurs heures dans les locaux du Secrétariat d'Etat à la défense à Yaoundé pour " interrogatoire ". Des perquisitions ont été opérées à leurs domiciles.

Les journalistes sont accusés d'avoir voulu publier un dossier évoquant la succession à la présidence de la république de Paul Biya à quelques mois de la fin de son présent mandat d'un règne qui dure depuis 1982. L'édition de Mutations du 16 avril comportant le dossier consacré à la succession du chef de l'Etat a été saisie sur tous les lieux de vente.

" Ces atteintes à la liberté de la presse et ces voies de fait contre des journalistes sont incompréhensibles au moment où le ministre de la Communication a annoncé récemment une aide du gouvernement à la presse privée " a déclaré Gabriel Baglo, Directeur du bureau régional de la FIJ en Afrique. " Comment peut-on prétendre aider la presse en paralysant ainsi le seul quotidien indépendant pour la simple évocation d'une éventuelle succession au président Paul Biya ?" a-t-il ajouté.

La FIJ s'associe au Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC) pour protester contre ces abus de la gendarmerie nationale. Elle s'inquiète de la nette dégradation de la situation de la liberté de la presse au Cameroun à l'approche des élections présidentielles de 2004. " Nous demandons au Pr. Jacques Fame Ndongo, Ministre de la Communication, et aux autorités camerounaises, de tout mettre en œuvre pour sanctionner les responsables de ces actes " a déclaré Aidan White, Secrétaire Général de la FIJ.

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