Une balle en pleine tête pour réduire encore un autre journaliste au silence

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et son syndicat philippin (NUJP) condamnent le meurtre d’un autre présentateur radio. La FIJ et le NUJP sont scandalisés par l’éternelle insensibilité pour la vie des journalistes et des professionnels des médias aux Philippines et exhortent le gouvernement à agir au plus vite pour retrouver le tireur et les cerveaux de cet assassinat. Ce samedi 14 février à 10h35, un motard a tiré en plein visage de Maurito Lim qui sortait de sa voiture, devant son lieu de travail à la chaine de radio dyRD. Agée de 71 ans, la victime a été immédiatement conduite à l’hôpital mais est décédée trois heures plus tard. Lim était le présentateur du programme Chairman Mao on Board, qui critiquait les autorités locales, liées à un trafic de drogue dans la ville. Selon Rowena Paraan, présidente du NUJP, « Etant donné que les assassinats de nos collègues de sont plus condamnés, nous implorons le gouvernement d’être plus sensible à l’impunité des meurtres continus de journalistes qui ont lieu sous ses yeux, en l’empêchant de classer cette affaire comme un autre décès « sans lien avec la profession de la victime », rappelant que d’autres journalistes de Bohol ont confirmé, après la mort de Lim, que ce dernier s’était battu pour prouver l’implication des autorités locales dans le trafic de drogue. « Tandis que nous doutons sérieusement que nous obtiendrons justice si nous, ou la famille et les collègues de Maurito, la réclamons, nous mettons le gouvernement au défi de nous donner tort en mettant tout en œuvre pour résoudre rapidement ce cas ainsi que pour arrêter les auteurs du crime et, surtout, les personnes qui l’ont commandité », a ajouté Paraan. Il s’agit du 172ème meurtre de journaliste depuis 1986, le 35ème sous le gouvernement Aquino et le deuxième en 2015. La FIJ décrit la culture d’impunité aux Philippines comme une épidémie. En 2009, l’attaque la plus meurtrière contre la presse avait eu lieu au sud du pays et avait fait 58 morts dont 32 professionnels des médias, après une lutte politique pour le pouvoir à Maguidanao. À ce jour, pas un seul des responsables n’a été reconnu coupable et au moins quatre des principaux témoins ont été assassinés. La directrice adjointe du bureau Asie Pacifique de la FIJ, Jane Worthington, a déclaré : « Le meurtre de Maurito Lim est un acte des plus méprisables et lâches. La FIJ présente ses plus profondes condoléances à la famille et aux collègues de ce dernier. » Le rapport de la mission, Le massacre d’Ampatuan : cinq ans après (en anglais), relate en détail les échecs systématiques du gouvernement philippin pour garantir les condamnations des accusés et procéder à des changements indispensables dans le but mettre fin à la culture d’impunité qui compromet la liberté de la presse aux Philippines. Mike Dobbie, délégué des missions de la FIJ en 2009 et 2014 a affirmé : « Il faut que les organismes d’application de la loi redoublent d’effort pour rechercher non seulement le criminel mais également ceux qui l’ont engagé et ont organisé cet assassinat. Le système judiciaire doit proposer une résolution rapide. Ne pas appliquer ces mesures signifie autoriser l’impunité à sévir et à se développer. » Un peu plus de deux mois après le 5ème anniversaire du massacre d’Ampatuan et sa mission internationale aux Philippines, la FIJ est toujours en attente d’une réponse aux conclusions de son rapport.

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