Le SNJC dénonce le licenciement abusif et les menaces contre son président

Communiqué du SNJC

Le SNJC dénonce le licenciement abusif et les menaces contre son président
 
Les membres du Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC) ont appris avec étonnement le dénouement inattendu que M. Séverin Tchounkeu (+ 237 761 55 66), directeur de publication du quotidien « La Nouvelle Expression » a bien voulu donner à l’affaire des élections de délégués de personnel, le 29 avril 2005, dans ce quotidien, à savoir le licenciement, le 08 juin 2005, de son président national, M. Jean-Marc Soboth (+ 237 996 90 37), « pour insubordination notoire ».

Le SNJC note que dans la lettre de licenciement de M. Tchounkeu, datant du 08 juin 2005, il n’est nulle part question des élections de délégués de personnel tenues le 29 avril dernier, fait pour lequel il avait menacé les organisateurs et tous les médias qui en avaient rendu compte de poursuites judiciaires pour tenue de « réunion illégale » ou diffamation. Ce dernier n’y fait état que de « la demande d’explication […] servie le 23 mai 2005 » ; en l’occurrence l’absence à la « réunion de service » du 14 mai - l’une de ces séances d’humiliation publique rituelles des journalistes du quotidien, convoquées à l’improviste lorsque le directeur de publication veut régler des comptes. Il a ainsi fait état du « caractère injurieux » de la « réponse datée du 24 mai 2005 dont la forme et le fond traduisent ‘toute l’estime’ que vous portez au directeur de publication de La Nouvelle Expression ainsi qu’à l’entreprise dans laquelle vous êtes censé travailler ».

D’après des informations recueillies par le SNJC, M. Tchounkeu avait conclu avec M. Soboth, le 07 juin 2005 dans son bureau, entre menaces de représailles physiques et semblants de convivialité il est vrai, un départ négocié, « pour tout le mal causé à l’entreprise avec cette campagne autour des élections des délégués de personnel » ; nul n’explique le changement survenu et la requalification des termes de la séparation.

Le SNJC qui a immédiatement entrepris des poursuites judiciaires contre M. Tchounkeu pour licenciement abusif à travers M. Patrice Um, avocat au barreau du Cameroun, s’inquiète du reste des menaces de « financer la déstabilisation du Syndicat » proférées par ce dernier au président national du Syndicat.

En remerciant une fois de plus l’action du Camarade Uli Remmel, le vice-président de la DJV (Deutsche Journalist Verband) qui, avec le responsable des projets Afrique de la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), Bertrand Ginet, ont porté cette affaire à la réunion du comité exécutif de la FIJ à Rome, le 11 juin, le SNJC est reconnaissant à tous ceux qui ont accepté de faire jouer la solidarité du réseau FIJ dans cette affaire.

Le SNJC aimerait, en effet, rappeler le cas de Gilbert Tchomba, secrétaire national du Syndicat et chef de rubrique économie du quotidien, considéré comme l’un de ceux qui ont organisé les « élections illégales », qui a également été licencié dans la foulée et qui, aux dernières nouvelles (au 12 juin), n’avait toujours pas reçu la moindre notification de ce qui est lui est reproché, alors même qu’un vigile veille à l’empêcher tout accès à la rédaction.

En appelant tous ceux qui, au quotidien « La Nouvelle Expression », ont voulu démissionner en signe de solidarité aux licenciés à demeurer dans l’entreprise pour ne pas offrir une occasion d’annuler l’action syndicale dans cette entreprise, le SNJC exhorte les autres membres à plus de solidarité et d’abnégation pour éviter la diversion activée actuellement en son sein par certaines organisations.

Fait à Douala (Cameroun), le 13 juin 2005
Pour le SNJC,
Le Secrétaire général
Bouddih M. Adams

1. LETTRE DE LICENCIEMENT DE M. SEVERIN TCHOUNKEU, DIRECTEUR DE PUBLICATION DE «  LA NOUVELLE EXPRESSION »

Douala,le 08 juin 2005
Monsieur Jean Marc SOBOTH
DOUALA CAMEROUN
Nos réf :ST/DAF/02/06/05

Objet : Lettre de licenciement

Monsieur,

En réponse à la demande d’explication à vous servie le 23 mai 2005,vous avez commis une réponse datée du 24 mai 2005 dont la forme et la fond traduisent « toute l’estime » que vous portez au directeur de publication de la nouvelle expression ainsi qu’à l’entreprise dans laquelle vous êtes censé travailler.

Ainsi vous remerciez dieu de vous avoir « certainement fait grâce » d’une réunion de service régulièrement convoquée.

Vous attribuez au responsable du quotidien, des « diatribes hitlériennes » ,et vous l’accusez d’avoir « lancé à l’improviste un quotidien »,de se livrer à un « spectacle méphistophélique et haineux sur fond de conflit tribal »,tout cela dans une « scène surréaliste »,à l’issue de laquelle il aurait « promis d’écrabouiller les couilles des personnes impliquées » !         

Vous en arrivez « à craindre pour (votre) sécurité »,c’est la raison pour laquelle vous recouvrez à « l’opinion nationale et internationale » à laquelle vous prêtez votre propre jugement à « une scène hystérique » à laquelle vous n’avez jamais assisté !

Vos propres écrits, outre leur caractère injurieux vis-à-vis de votre hiérarchie, caractérisent votre insubordination notoire, laquelle est constitutive d’une faute lourde.

Vous comprendrez que dans de telles conditions, le maintien des relations de travail n’est plus possible.

Vous l’avez vous-même annoncé en parlant de la « négociation de vos conditions de départ » !

Nous avons le regret de vous informer que dès réception de la présente, vous ne faites plus partie du personnel de la nouvelle expression.

Vous voudrez bien prendre attache avec le service compétent pour le règlement de votre solde.

Recevez, Monsieur, nos salutations distinguées.

Le Directeur de publication
Séverin TCHOUNKEU

 
2. REPONSE « NOTOIREMENT INJURIEUSE »  DE JEAN MARC SOBOTH A LA DEMANDE D’EXPLICATION DU DIRECTEUR DE PUBLICATION DU QUOTIDIEN

« LA NOUVELLE EXPRESSION »

Jean Marc Soboth
Douala, le 24 mai 2005
Journaliste

A Monsieur le Directeur de publication de « La Nouvelle Expression »
Douala

V/R : Votre demande d’explications du 23 mai 2005

Monsieur,

J’ai l’honneur de venir par la présente justifier mes absences à la « réunion de service » du samedi 14 avril 2005 (1) et celles du lundi 16 mai au 19 mai 2005 (car j’étais à la rédaction le dimanche 15 mai) (2), le 20 mai étant une journée fériée et le samedi 21 mai notre seule journée de week-end dans la semaine.

  1. Pour mon absence à la réunion de service tenu en notre unique jour de repos hebdomadaire (le samedi, sans aucune perspective de récupération), j’avais informé les responsables de la rédaction d’un déplacement que j’envisageais pour la veillée et la levée de corps (le 15 mai à Yaoundé) de notre regretté confrère de la Crtv et de Rfi, Abed Nego Messang. Bien qu’il n’ait fait l’objet d’aucune attention particulière de « La Nouvelle Expression », j’ai cru devoir sacrifier à ce dernier hommage à un confrère, un ami, un frère, et surtout un ancien collaborateur de votre journal et l’un de ses plus grands et les plus constants informateurs.

  2. Quant à l’absence du 16 au 19 mai – étant donné que j’ai repris le 22 mai, mon article sur l’Aes Sonel publié dans l’édition du 23 mai faisant foi -, elle est due à ce que le public national et international sait déjà : ce spectacle de l’humiliation, de la haine et du harcèlement moral que vous avez offert à vos collaborateurs le 14 mai à la place d’un véritable bilan à mi-parcours d’un quotidien lancé à l’improviste, pour avoir initié pour la première fois depuis 14 ans d’une entreprise de presse comme « La Nouvelle Expression », des élections de délégués de personnel que la loi de 1992 rend obligatoire dans les entreprises employant plus de 20 personnes – vous avez affirmé que votre quotidien seul employait 80 personnes lors de la visite du ministre de la communication, le Pr. Pierre Moukoko Mbonjo !
     
    Les témoins atterrés du spectacle m’ont avoué sans fioriture que « Tu a eu beaucoup de chance ; si tu avais été là, tu aurais déposé ta démission sur le champ, tellement c’était humiliant ! ». Car l’on affirme qu’au cours de vos diatribes hitlériennes, vous avez mis en index tour à tour le scrutin « illégal » du 29 avril, l’article d’opinion que j’ai fait publier au journal « Le Messager » sur le Conseil camerounais des médias (Ccm) dans lequel vous n’aviez été cité nulle part, un certain espionnage mené par notre Syndicat sur les niveaux de déclarations des employés à la Cnps, et une certaine philanthropie dont vous faisiez preuve en employant certains d’entre nous qui ne le méritent sans doute pas.

    Je rappelle que ce spectacle méphistophélique et haineux sur fond de conflit tribal suscité par vous-même s’est soldé, sans transition, par une série de sanctions à l’égard de tous ceux qui étaient impliqués dans cette élection. A savoir : des suspensions de fonctions pour la secrétaire générale, Henriette Ekwe, et moi-même ; le licenciement d’un « chien » transformé en mise à pied de huit (8) jours - après que la presse audiovisuelle ait révélé cette forfaiture - de Julien Chongwang, et un autre licenciement digne de « La Nouvelle Expression » pour Gilbert Tchomba.

    Les témoins de la scène surréaliste affirment qu’en sus, vous avez promis d’ « écrabouiller les couilles » des personnes impliquées dans les activités du Syndicat dont moi-même le président. Et d’autres « gentillesses », dont une promesse de représailles, de déstabilisation et de poursuites judiciaires et d’un : « Je ne veux plus entendre parler de Syndicat dans mon entreprise ».

Vous comprendrez aisément que dans ces conditions – qui n’étaient pas celles que vous m’annonciez quelques jours plus tôt dans votre bureau, à savoir votre excellent projet de création d’une édition spéciale d’enquête dont j’aurais la charge et sur la maquette de laquelle je réfléchissais déjà -, j’étais dans des dispositions morales à craindre pour ma sécurité.

En clair, je pense humblement avoir eu besoin de ces quelques jours pour échapper à vos foudres et en prévenir l’opinion nationale et internationale, en l’occurrence la Fédération internationale des journalistes (Fij) dont le secrétaire général, Aidan White, a qualifié cette scène hystérique de grande violation de la liberté syndicale pour l’année 2005 dans le monde.

Votre dévoué.

Jean Marc Soboth.

 
3. REPONSE DE HENRIETTE EKWE (SECRETAIRE GENERALE DU QUOTIDIEN ‘LA NOUVELLE EXPRESSION’) A LA DEMANDE D’EXPLICATION DE M. TCHOUNKEU SEVERIN, DIRECTEUR DE PUBLICATION
 
Datée du 23 mai, reçue le mardi 24 mai
 
Monsieur le Directeur

Je ne pouvais pas me présenter au travail le 15 mai, après la scène violente et hystérique que j’ai vécue le 14 mai à la réunion dite de « service ».L’ensemble du personnel attendait ce jour là un bilan objectif du passage au quotidien le 28 septembre dernier d’abord fixé au mois de décembre, puis reporté une première fois de votre fait en mars, puis finalement en mai.

Et surtout un débat. De cela, nous n’avons retenu que votre sens élevé de la « philanthropie »et le rejet de toute revendication du personnel au motif que le journal était médiocre. Par leur unique faute bien sur.

Vous avez alors consacrez 45mn à tenir des propos haineux avec insultes et des propos humiliants à l’encontre des responsables, dont moi, des élections des délégués du personnel, sous les quolibets et les ricanements de quelques collègues émoustillés par la verdeur de vos propos. Au terme d’une longue séance d’injures dont vous seul avez le secret, vous avez menacé les auteurs de cette « mascarade » de « poursuites judiciaires » et proclamé leur suspension . Je passe sur les mots obscènes, qui sont de votre bouche ce jour-là, à profusion.

Vous avez, par ailleurs, organisé dans mon dos, une grossière manipulation consistant à convaincre mes collègues de mes velléités couchées sur papier de les faire affecter à l’Ouest et Nord-ouest, comme vous avez, comme vous avez avec la même aisance attribué à ma personne des manœuvres de déstabilisation contre mes collègues dont j’ai toujours pris la défense dans votre bureau.

Je considère avoir été victime ce 14 mai, de harcèlement moral de votre part, ainsi que d’une agression psychologique consistant à instaurer un climat de terreur pour esquiver le débat.

C’est votre droit. Vous m’avez suspendue de votre de mes fonctions de secrétaire générale et interdit la présence dans votre entreprise du Snjc (Syndicat national des journalistes du Cameroun, ndlr). Je considère ce dernier acte comme une entorse grave à l’exercice de la démocratie sociale.

L’usage courant de l’insulte, du mépris et de l’humiliation à l’encontre de vos collaborateurs dont les intelligences ont largement contribué au crédit de votre organe de presse, m’ont rappelé Zola, et malheureusement aussi, les zélés tortionnaires de la BMM de Yaoundé de sinistre mémoire qui à « la chapelle »,usaient de cette arme psychologique pour briser la résistance des « subversifs ». J’ai souvent eu à apporter un modeste accompagnement psychologique à mes collègues qui sortaient de ces séances de lynchage dans votre bureau, dans un état suicidaire.

Mes convictions morales et intellectuelles me permettent me de résister à ce type d’agression, mais elles n’en sont pas moins désagréables.

Face à tout ce qui précède, il me fallait préparer ma défense en tout état de cause. Par ailleurs, je tiens à vous rappeler que la production d’idées requiert un environnement psychologique serein. Je me suis donc trouvée dans l’incapacité. intellectuelle de produire un seul papier dans un tel climat de terreur, de suspicion et de haine.

Je suis sérieusement préoccupée, Monsieur le Directeur, par le constat de l’extrême jubilation qui saisit chaque fois que vous vous adonnez à cet exercice verbal pour le moins bizarre.

Henriette EKWE
 
Douala, le 25 mai 2005


4. VERSION ANGLAISE DU COMMUNIQUE DU SNJC

Official statement of the CJTU

The CJTU denounces the abusive dismissal of its president
 
The members of the Cameroon Journalists Trade Union (CJTU) learned with astonishment the unexpected outcome that Mr. Severin Tchounkeu agreed to give to the elections delegates of personnel, April 29 2005, with the Cameroonian daily " La Nouvelle Expression ", namely the dismissal, on June 08 2005, of its national president, Mr. Jean-Marc Soboth, editorialist, columnist and director in this daily, " for " notorious insubordination ".

The CJTU notes that in the letter of dismissal of Mr. Tchounkeu, dating from June 08 2005, it is not nowhere question of the elections of delegated of personnel held on last 29 April, fact for which it had threatened the organizers and all the medias which had given an account of continuations in slandering of it, but that it made there state only of " the request for explanation [... ] been useful on May 23 2005 " and of the " abusive character " of the " answer May 24 2005 whose form and bottom translate ' all the esteem' that you carry to the director of publication of the New Expression as to the company in which you are supposed to work ". 

According to the information collected by the CJTU, Mr. Tchounkeu had concluded with Mr. Soboth, June 07 2005, in its office a negotiated departure, " for all the evil caused with the company with this countryside around the elections of delegated of personnel ";  no one does not explain the change which has occurred and the “requalification” of the terms of separation. 

The CJTU which immediately undertook legal proceedings against Mr. Tchounkeu for abusive dismissal through Barrister Patrice Um, lawyer of the bar of Cameroon, worries about the remainder of the threats " to finance the destabilization of the Trade union " uttered by this last with the president of the Trade union. 

By once more thanking the action for the Comrade Uli Remmel, the vice-president of the DJV (Deutsche Journalist Verband) who, with projects officer for Africa, Bertrand Ginet, carried this matter to the meeting of the Executive committee of the International Federation of journalists (FIJ) to Roma, last Saturday June 11, the CJTU is grateful with all those which agreed to make play the solidarity of IFJ network in this business. 

The CJTU would like, indeed, to recall the case of Gilbert Tchomba, national secretary of Trade union, regarded as one of those which have organized the april 29th elections, which was also laid off in the tread and which still did not receive the least notification of what is him is reproached, while at the same time a watchman takes care to prevent it the access to the newsroom. 

By calling all those which, with the daily newspaper " La Nouvelle Expression ", wanted to resign as a solidarity with the sacked to remain in the company not to offer an occasion to cancel Union action in this company, the CJTU exhorts the other members for more solidarity and of abnegation to avoid the diversion currently activated in its centre by certain organizations. 

For the CJTU,

The Secretary-general

Bouddih M. Adams