La FIJ Participe à une conférence débat sur la liberté d’expression au Burundi à Bruxelles

A l'occasion du 100ème jour après la promulgation de la Loi sur la presse au Burundi, 11.11.11, l'Institut Panos Paris, la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) et Amnesty International ont organisé ce jeudi 12 septembre à Bruxelles pour attirer l'attention de l'Union européenne et de ses États membres sur la précarité de la liberté d'expression au Burundi.

Le 4 juin 2013, une nouvelle loi régissant la presse a été promulguée par le Président de la République, Pierre Nkurunziza. Cette loi définit des nouvelles infractions liées aux métiers de la presse et prévoit des amendes exorbitantes pour les journalistes. Le texte restreint le droit de couvrir des sujets liés à la sécurité publique ou à la sûreté nationale, contient des dispositions très vagues qui obligent les journalistes, dans certains cas, à révéler leurs sources et limite ainsi sévèrement les activités des journalistes au Burundi. L'ensemble de ces dispositions représente une grave atteinte à la liberté d'expression.

Au Burundi, des journalistes et des membres d'ONG et des confessions religieuses qui s'intéressent aux questions relatives aux droits humains, à la justice et à la bonne gouvernance font régulièrement l'objet d'intimidations et de convocations des autorités judiciaires pour des faits relevant de leurs activités professionnelles.

Deux projets de loi imminents, un sur les manifestations sur la voie publique et réunions publiques et l'autre sur les associations sans but lucratif (ASBL), contiennent des dispositions qui pourraient établir des limites sur l'exercice légitime de la liberté d'association et d'expression. Les autorités burundaises devraient prendre toutes les mesures nécessaires afin d'assurer que ces lois s'alignent avec les droits fondamentaux garantis par la Constitution burundaise et par les instruments légaux internationaux.

La conférence  a été animée par Innocent Muhozi, Président de l'Observatoire de la Presse au Burundi (OPB), , Alexandre Niyungeko, Président de l'Union Burundaise des Journalistes (UBJ), Franck De Coninck, Envoyé spécial belge pour la région des Grands Lacs, Marie Arena, Sénatrice belge, Première vice-présidente de la Commission des Relations extérieures et de la Défense du Senat Belge, et Guy Poppe, auteur et ancien journaliste de la VRT-radio (radio belge publique néerlandophone) modérait les débats.

Tous ces débats se passent dans un contexte où une véritable opposition parlementaire au CNDD-FDD, parti au pouvoir, est quasi inexistante, à la suite du retrait des partis d'opposition lors des élections de 2010, l'exil de leurs leaders et la répression de certains de leurs membres. Les prochaines élections de 2015 seront d'une importance primordiale. La possibilité d'une augmentation de la tension entre les différentes tendances politiques et sociétales au Burundi est réelle et il est fort probable que les medias et les associations de la société civile seront à nouveau au cœur de ces tensions.

Les organisateurs de la conférence ont demandé par conséquent à l'Union européenne et à ses Etats-membres de soutenir la liberté d'expression au Burundi et de prendre les actions suivantes :

 

- Dénoncer fermement toute application de la loi sur la presse visant à museler les médias et à limiter la liberté d'expression.

- Garantir le suivi du processus législatif relatif à la loi sur les manifestations sur la voie publique et réunions publiques ainsi que la loi sur les ASBL, exprimer clairement la nécessité de la conformité des lois aux standards internationaux et communiquer avec la société civile à propos de ce processus législatif.

- Soutenir et veiller au bon déroulement, en conformité avec les normes  internationales, des actions judiciaires initiées par les associations de journalistes contre la Loi sur la presse auprès de la Cour constitutionnelle et des juridictions internationales.

- Soutenir des initiatives  visant à renforcer la sécurité des professionnels des médias et de la société civile, et en consultation avec les points focaux des droits de l'homme de la Délégation de l'Union européenne à Bujumbura, prendre toutes mesures utiles pour soutenir, prêter assistance et protéger les personnes en danger.

- Veiller à ce que les médias et la société civile bénéficient d'un soutien financier et logistique suffisant pour couvrir et réaliser pleinement leur mission et opérations.

Pour plus d'informations, veuillez contacter la FIJ au + 32 2 235 22 17
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