La Fédération internationale des
journalistes (FIJ) a aujourd'hui dénoncé l’inculpation au Togo d’un journaliste
pour "complicité de groupement de malfaiteurs". Selon l'Union des
journalistes indépendants du Togo (UJIT), affiliée à la FIJ, le journaliste Zeus
Aziadouvo, directeur de publication du journal "Liberté" a été inculpé le jeudi 21 mars 2013 par le doyen
des juges d’instruction qui l’a également placé sous contrôle judiciaire.
Le journaliste a été entendu dans le
cadre d’une enquête sur un incendie ayant ravagé en janvier dernier, le
bâtiment principal du plus grand marché de Lomé, la capitale du Togo. L’UJIT
indique que l’inculpation du journaliste Aziadouvo intervient après que le
quotidien "Liberté" a
publié en début de semaine, un article relatant des tortures qu’une des trente
personnes interpellées et écrouées dans le cadre de l’enquête, aurait subies.
«Nous dénonçons cette inculpation
scandaleuse dont le motif n’a aucune justification légale. Le Togo a un Code de
la presse et de la communication qui prend en charge tous les problèmes liés au
délit de presse. Cette inculpation est une énième tentative de bâillonner la
presse et la liberté d’expression au Togo », a déclaré Gabriel Baglo,
directeur pour l’Afrique de la
Fédération internationale des journalistes.
Le journaliste Zeus Aziadouvo n’a pas
été placé sous mandat de dépôt mais s’est déclaré surpris de son inculpation. « J'ai
été très surpris de mon inculpation, car j'ai fait mon travail de journaliste.
En plus, on m'interdit de faire des déclarations publiques sur le dossier. C'est
un moyen de me faire taire », a-t-il déclaré.
La FIJ est très préoccupée par la
constante dégradation de la liberté de presse et la liberté d’expression au
Togo. Le dernier acte de violation est le vote mi-février, d’une loi qui érige
la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) en un organe juridictionnel
avec des pouvoirs de sanction allant jusqu’au retrait à un organe de presse de
son autorisation d’exploitation.
La FIJ avait salué la forte mobilisation
des journalistes et de tous les militants de la liberté de presse pour dénoncer
cette loi. Elle avait également encouragé les manifestations pacifiques pour
son retrait. Le jeudi 14 mars dernier, une répression aveugle des forces de
sécurité d’un rassemblement pacifique des journalistes a entraîné des blessures
graves à trois journalistes.
La mobilisation a entrainé le rejet, le mercredi
20 mars 2013, par la cour constitutionnelle, d’au moins six dispositions de la
nouvelle loi organique sur la Haute autorité de l'audiovisuel et de la
communication (Haac), affirmant qu'elles ne sont pas conformes à la
Constitution du pays.
Avant sa modification cette loi qui
porte le numéro 2009-029 votée pour la première fois le 22 décembre 2009
autorisait la Haac à saisir les juridictions compétentes qui prononcent des sanctions en cas
d'inobservation de ses recommandations, décisions et mises en demeure par les
titulaires des récépissés de parution des publications nationales.
La FIJ estime que malgré le rejet de certaines
de ses dispositions, la loi reste toujours rétrograde. Elle appelle les
journalistes et professionnels des médias à renforcer la mobilisation afin
d'amener les autorités à retirer tout simplement cette loi et mettre en place
un cadre permanent de dialogue avec les acteurs des médias.
Pour
plus d'information, veuillez contacter la FIJ au : + 221 33 867 95 86
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