La FIJ dénonce la campagne d’intimidation des médias au Togo

 La Fédération internationale des Journalistes (FIJ) a fortement dénoncé aujourd’hui la volonté affichée des plus hautes autorités togolaises d’intimider et de museler les médias libres et indépendants, suite à une série de convocations de journalistes jugés critiques envers le pouvoir, contraignant certains d’entre eux à s’abstenir de participer physiquement à des débats dans les radios.
«L’acharnement contre la presse libre et indépendante est inacceptable, les journalistes ne font qu’exercer leur liberté d’expression et d’opinion sur des questions d’intérêt public», a déclaré Gabriel Baglo, Directeur du Bureau Afrique de la FIJ. «S’il doit y avoir des poursuites, il faut qu’elles soient conformes à l’esprit du nouveau code de la presse qui a consacré la dépénalisation des délits de presse».

 

Le 18 mai 2010, le bihebdomadaire togolais,  Le Correcteur, les quotidiens Forum de la Semaine et Liberté ont été assignés devant la justice par la Direction Générale de la Police Nationale pour publications de fausses nouvelles et diffamation. L’affaire est toujours pendante devant les tribunaux.

Le 15 juillet 2010, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) a saisi le Tribunal de Première Instance de Lomé pour la suspension de deux émissions interactives sur les radios Victoire FM et X-Solaire sous prétexte de dérapages et les responsables de ces deux chaîne avaient reçu des citations à comparaître.

En août, la FIJ avait condamné l’existence de sérieuses menaces contre des journalistes qui figureraient sur une liste rouge de personnes à « abattre ». Depuis lors,  le journaliste Justin Anani du journal Crocodile News dont la maison avait été visitée par des inconnus, vit presque dans la clandestinité.

Le 10 août 2010, couvrant une manifestation de l’UFC, le journaliste Agbédivlo Komi alias Didier Ledoux du quotidien Liberté a été violemment pris à partie par le lieutenant-colonel Romuald Letondot, coopérant militaire français et conseiller du chef d’Etat-major de l’Armée de terre sous prétexte qu’il avait  été pris en photo par le journaliste, ce qui avait suscité l’indignation du monde entier.


Dans une lettre adressée le 12 août 2010 au Premier Ministre du Togo, le Secrétaire Général de l’UJIT a appelé à la protection et à la sécurité des journalistes ciblés, notamment : Francis Pédro AMUZUN (Crocodile News), Marcel AGBEDOKOU (Radio X Solaire), Augustin AMEGA (Le Canard Indépendant), Ferdinand AYITE (L’Alternative), Justin ANANI (Crocodile News), Zeus AZIADOUVO (Liberté), Olivier GLAKPE (Le Correcteur), Jerôme SOSSOU (Le Triangle des Enjeux).


Le 25 août 2010, le même journaliste Didier Ledoux a été brièvement arrêté par la Gendarmerie nationale pour avoir pris des photos du palais de justice ite à la condamnation du journal Tribune d’Afrique pour publication d’un article citant Mey Gnassingbé, un des frères cadet du chef de l’Etat, dans un article sur le trafic de drogue au Togo. Le journal a été condamné au terme d’un procès à payer 60 millions FCFA à titre de dommages et intérêts et une amende de 6 millions et une interdiction de paraître sur l’étendue du territoire national. Le même jour une plainte a été également déposée par le Chef de l’Etat contre l’Indépendant Express (hebdomadaire) sur une affaire de mœurs, ainsi que deux autres citations ciblant le quotidien Liberté pour ses critiques sur la gestion des affaires publiques et l’ingérence de l’exécutif sur la justice.

 

Le lundi 30 août 2010, le même journal l’Indépendant Express a fait l(objet d’une  nouvelle plainte du chef de l’Etat suite à la publication d’un article dans lequel le journal critiquait  les voyages fréquents  et la manière dont le Chef de l’Etat gère le pouvoir et curieusement, les deux affaires citant le même organe ont été renvoyées au 29 septembre prochain.

 

Le 08 septembre 2010, pour avoir fait état de la misère qui sévit dans le pays paradoxalement au train de vie dispendieux de l’Etat, l’hebdomadaire La Lanterne a été également cité à comparaître suite à la  plainte du Chef de l’Etat.

La FIJ appelle les autorités togolaises à l’apaisement en suspendant les procédures musclées en cours contre les journalistes et à aller dans le sens de l’application effective de la dépénalisation de la liberté de la presse pour laquelle le Togo constitue un des pionniers.

 

« Les médias constituent un élément essentiel du processus démocratique qui doit être consolidé et,  à ce titre, ils doivent être renforcés, soutenus et protégés », a ajouté Baglo.


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