Les journalistes condamnent ce qu'ils considèrent comme une déclaration de guerre de l'OTAN à la transparence gouvernementale

LES JOURNALISTES européens accusent les leaders militaires et politiques de l'Union européenne d'"un coup estival" contre une plus grande transparence du gouvernement après une décision prise à Bruxelles d'échapper aux nouvelles règles sur l'accès public aux documents durant la période des vacances.

Une réunion des représentants à haut niveau des Etats membres de l'Union européenne a adopté de nouvelles règles sur l'accès aux documents et projette d'utiliser une "procédure écrite" pour les introduire, donc en court-circuitant le Parlement européen, la Commission européenne et la prochaine réunion du Conseil des Ministres en septembre.

"Cette action scandaleuse introduit le secret par la porte arrière et ébranle l'engagement du Traité d'Amsterdam qui intègre le droit public à l'accès aux documents de l'Union européenne," dit Aidan White, Secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes. "Il s'agit d'un coup estival qui peut compromettre la responsabilité démocratique dans l'Union européenne."

Sous le nouveau code, il ne sera pas permis au citoyen d'avoir accès aux documents "classés top secrets, secrets et confidentiels dans les domaines de la politique extérieure, militaire et la gestion des crises non-militaires".

"Ceci est une déclaration de guerre soutenue par l'OTAN à la transparence gouvernementale," déclare la FEJ, "nous comprenons pourquoi les militaires et la sécurité veulent minimiser l'examen public, mais ils traitent cavalièrement le processus démocratique et les accords internationaux liés à ce processus."

La FEJ croit aux règles existantes et les exceptions proposées dans un code provisoire déjà proposé par la Commission sont plus qu'adéquates pour répondre aux besoins de sécurité.

La réunion de Bruxelles jette dans la confusion le processus de définition de nouvelles règles pour l'accès public à l'information dans l'Union européenne. Les propositions de la Commission pour un nouveau code sont discutées au Parlement européen dans le cadre d'un processus de co-décision avec le Conseil des ministres. La dernière action - soutenue par les Etats membres de l'OTAN et poussée par la possibilité de renforcer la politique de sécurité commune dans l'UE - pose des questions quant au processus de co-décision.

Dix gouvernements ont voté pour le nouveau code au Comité des représentants permanents (COREPER) basé à Bruxelles. Seul un Etat de l'OTAN - les Pays-Bas - a brisé les rangs et s'est opposé au mouvement. Il fut rejoint dans son vote contre par la Suède et la Finlande.

Les journalistes hollandais et ceux des pays nordiques sont particulièrement irrités par le mouvement qui menace les règles sur l'accès établies depuis longtemps dans ces pays. Le syndicat hollandais des journalistes, la NVJ, a publiquement condamné la décision.

"Nous reconnaissons tous le besoin du secret lorsque des vies sont en jeu, mais ce nouveau code va beaucoup plus loin et introduit une série de définitions qui ne sont pas claires et qui contamineront beaucoup de documents non-militaires," dit Aidan White. "Si c'est adopté sous cette forme, la vie publique en Europe sera beaucoup plus dans le secret. Nous nous battrons contre cela aussi longtemps qu'il le faudra."

La FEJ demande à ses organisations membres de combattre la proposition au niveau national. Sous la procédure écrite, le nouveau code sera adopté à moins qu'une majorité d'Etats membres expriment leur objection.